Alcaraz, la légende est en marche
Carlos Alcaraz a retrouvé la 1re place du classement ATP lundi, après 65 semaines de règne ininterrompu de Jannik Sinner.
Son sacre de dimanche à l'US Open lui permet d'entrer un peu plus dans l'histoire, alors qu'il n'a pour mémoire que 22 ans.
L'Espagnol retient vite les leçons. Détrôné par son grand rival italien à Wimbledon après avoir pourtant remporté le premier set de leur finale, il a cette fois-ci su élever encore un peu plus son niveau de jeu après la perte de la seconde manche. Sa créativité a fait merveille, son service, son physique et sa constance aussi.
Les comparaisons ne mènent à rien. Mais Carlos Alcaraz est pourtant bien le parfait hybride entre Roger Federer et Rafael Nadal. A l'image du Bâlois, il joue tous les coups du tennis, à n'importe quel moment. Cette feinte de slice de coup droit, rallongé à merveille alors qu'il suggère une amortie, "RF" adorait la jouer.
Et ce n'est pas pour rien que Carlos Alcaraz a pour modèle son compatriote, même s'il n'a pas l'avantage d'être gaucher. Sa force de frappe en coup droit, sa capacité à arrondir les coups pour se donner du temps et sa résistance physique ne sont évidemment pas sans rappeler celles de Rafael Nadal.
Et comme le Majorquin - le protégé de Juan Carlos Ferrero - lequel n'a pas hésité à parler de match parfait pour qualifier la finale de dimanche - recherche sans cesse à progresser et à repousser ses limites. Et c'est certainement au service que ses progrès sont apparus le plus clairement à Flushing Meadows.
Carlos Alcaraz s'est montré irrésistible sur son engagement dans cette quinzaine, remportant 98 des 101 jeux de service qu'il a négociés. Selon des statistiques de l'ATP, il est le deuxième joueur depuis 1991 à gagner un Majeur en perdant trois jeux de service ou moins, après Pete Sampras qui a réussi ce tour de force deux fois (Wimbledon 1994 et Wimbledon 1997).
Là encore, difficile de ne pas penser à Rafael Nadal. Le gaucher de Manaco avait en effet su, dû transformer son service pour triompher enfin sur les courts en dur de Flushing Meadows en 2010. Il avait alors remporté 95% de ses jeux de service, avec des premières balles plus rapides de 10-15 km/h par rapport à l'édition précédente.
Mais Carlos Alcaraz sait déjà se démarquer pour écrire sa propre légende. A 22 ans et 125 joueurs, il est devenu le deuxième plus jeune joueur de l'ère Open (derrière Björn Borg) à afficher six trophées majeurs à son palmarès, toujours selon l'ATP. Il a ainsi fait mieux que Rafael Nadal (22 ans et 143 jours lors de son 6e sacre en Grand Chelem).
Le joueur de Murcie est aussi le quatrième joueur de l'histoire à conquérir au moins deux Majeurs sur trois surfaces différentes (dur, gazon, terre battue). Un exploit que seuls Novak Djokovic, Rafael Nadal et Mats Wilander avaient accompli, Roger Federer n'ayant triomphé qu'une seule fois sur la terre battue de Roland-Garros.
Et ce n'est certainement pas terminé. "Le meilleur Carlos ne s'est pas encore manifesté", a assuré le no 1 mondial dimanche soir en conférence de presse. "Petit à petit je vais continuer à améliorer certaines choses", a lâché celui qui a également impressionné par sa constance dans un tournoi où il n'a perdu qu'un seul set (contre cinq sets égarés avant même la finale à Wimbledon).
Il n'a de toute manière pas le choix. Car Jannik Sinner est sur ses talons, littéralement (760 points de retard au classement technique de l'ATP, mais 2590 dans celui qui est établi sur la base des résultats de 2025). Il a disputé les quatre finales majeures de l'année avec deux titres à la clé (Melbourne et Londres).
L'Italien de 24 ans était en outre passé à trois reprises à un point du sacre à Roland-Garros face à Carlos Alcaraz, alors qu'il disputait son deuxième tournoi après ses trois mois de suspension pour dopage. Et il avait parfaitement su rebondir après cet échec mortifiant en triomphant pour la première fois à Wimbledon.
Jannik Sinner saura tirer les leçons de sa défaite de dimanche, la première pour lui dans un Grand Chelem joué sur dur depuis l'US Open 2023. "J'ai joué de façon trop prévisible", a d'ailleurs analysé dimanche soir le no 2 mondial, déjà prêt à remettre l'ouvrage sur le métier pour faire évoluer son jeu.
La rivalité entre les deux hommes est certainement loin d'être terminée, et s'annonce passionnante. Son prochain épisode majeur aura pour cadre l'Open d'Australie, où Jannik Sinner est double tenant du titre. Et où Carlos Alcaraz espère bien boucler le Grand Chelem de carrière, son "premier objectif" désormais.