Bayern Munich, défaite interdite
Le géant de Bavière, qui vise ouvertement le titre à la Coupe du monde des clubs, a reçu un avertissement en s'inclinant dans sa poule (0-1) devant à un Benfica défensif à l'extrême. Face à Flamengo, ce dimanche, tout autre résultat qu'une accession aux quarts de finale serait un échec financier et sportif.
C'est d'abord une affaire de prestige. Un mot et un concept universels – du reste précisément le même en allemand, en français et en anglais. Frustré en Ligue des champions, au printemps, par une élimination contrariante en quarts de finale face au futur finaliste, l'Inter, le Bayern veut profiter de la Coupe du monde des clubs pour effacer, au moins en partie, cette déception. Pour cela, il faut évidemment dépasser le stade des mêmes quarts, où se dessine cependant la silhouette du Paris Saint-Germain – rien moins que le dernier vainqueur de la Ligue des champions – depuis que les Bavarois, dans l'étuve de Charlotte, se sont montrés incapables de convertir leur domination par autre chose qu'une défaite face aux Aigles lisboètes (0-1). Et, auparavant, écarter le vainqueur du groupe D, le club brésilien de Flamengo. Franchir ces obstacles, en particulier celui des quarts, permettrait au Bayern de montrer qu'il fait toujours sportivement partie du gratin du football mondial.
Mais c'est aussi une question de gros sous. À partir des quarts, la FIFA octroie aux heureux qualifiés, qui ont déjà touché 30 M€ pour participer, une somme à deux chiffres, en millions de francs suisses. Une manne qui n'est jamais de trop quand on cherche à s'attacher les services de Nico Williams, estimé à 70 M€, ou Rafael Leao, que le Milan AC annonce à des tarifs similaires. Sportivement, le plan était le suivant : s'assurer des victoires à l'occasion des deux premiers matches pour faire tourner et, conséquemment, faire souffler les cadres sur le troisième match. Un plan qui d'abord a fonctionné – victoire 10-0 contre Auckland puis 2-1 contre Boca Juniors – mais qui a montré ses limites ensuite. En écartant de son onze de départ contre Benfica pas moins de sept de ses titulaires, Vincent Kompany s'est retrouvé contraint, mené 0-1, de rappeler sur le terrain les Kimmich, Olise et autre Harry Kane. En vain. On se gardera d'un constat définitif sur le niveau des remplaçants – la jeune recrue Tom Bischof, notamment, a été particulièrement timide contre les Portugais – en raison des conditions de jeu étouffantes, de la maladresse de Leroy Sané, en partance, devant l'exceptionnel Anatoly Trubin, et du fait que le marché des transferts a encore de longues journées avant clôture, début septembre. Mais à ce stade, les titulaires assurent au Bayern un tout autre niveau de jeu et de rythme que leurs doublures.
Sportif et marketing imbriqués
Pour l'entraîneur du Bayern, l'équilibre est délicat à trouver : d'un côté, il faut gagner, de l'autre donner du temps de jeu aux remplaçants et aux jeunes, soit pour les faire gagner en expérience, comme Bischof, Adam Aznou, Lennart Karl ou Jona Kusi-Asare, soit pour les afficher en vue d'une vente – on pense ici à Raphael Guerreiro, Joao Palhinha, Sacha Boey ou Kingsley Coman. Le Bayern a en effet besoin d'alléger sa masse salariale avant de penser à recruter, d'autant qu'il a payé des suppléments au Bayer ou à Hoffenheim pour faire venir les recrues Tah et Bischof avant le 1er juillet. Indirectement, la pression sur le coach belge va au-delà du sportif : dans le cadre de l'exposition de la marque Bayern sur le continent nord-américain, demeurer en lice dans le tournoi aussi longtemps que possible offre au Rekordmeister une occasion en or de faire sa pub.
Mais c'est sur le terrain que Kompany est jugé. Si l'échec en Coupe d'Allemagne est secondaire, celui de sa participation aux discussions, finalement vaines, pour faire venir Florian Wirtz contrarie les dirigeants. Pour les meilleurs entraîneurs comme pour les meilleurs joueurs, passer par le Bayern n'est plus une évidence. Heureusement, les Bavarois disposent dans leurs rangs d'un autre joueur d'exception, Jamal Musiala. Ce dernier était absent à l'occasion de l'élimination du Bayern en Ligue des champions contre l'Inter tout comme il était absent à l'occasion de la défaite contre Benfica il y a quelques jours. Et la venue de Nick Woltemade, si elle se confirme, constituera un sacré renfort dans le sillage d'Harry Kane. Le grand avant-centre de Stuttgart a plané sur l'Euro espoirs et s'avance comme l'une des révélations de la saison. Les Bavarois, en somme, ne sont pas encore complètement sur la jante.