Bayern, un quartet dans le flou

Ces quatre-là ont au moins deux points communs, aussi crucial l'un que l'autre. D'abord le plus visible : Manuel Neuer, Dayot Upamecano, Serge Gnabry et Leon Goretzka – à un degré moindre – livrent tous les quatre avec le Bayern, match après match, des prestations de haut vol qui font d'eux autant de moteurs de la performance. Un gardien, un défenseur central, un milieu et un attaquant : on n'est pas loin d'une colonne vertébrale, quand bien même le dernier cité ne serait pas titulaire à chaque rencontre. Mais aussi une destinée contractuelle qui, pour chacun d'entre eux, arrive à échéance en juin 2026. Le Bayern, dont l'effectif est peu fourni et auquel personne ne manque de le lui rappeler, se retrouve ainsi sous pression s'il veut éviter la fâcheuse jurisprudence Alaba, lorsque le capitaine autrichien avait filé en Castille, le 1er juillet 2021, sans rapporter un centime, alors que sa valeur dépassait les 50 millions de francs suisses.

Les résultats sportifs du moment ont beau être époustouflants – personne, pas même le vainqueur du Mondial des clubs, n'a réellement résisté au Bayern cet été –, les dirigeants bavarois doivent donc sérieusement commencer à penser à l'été suivant. D'autant plus qu'à cette série de contrats se terminant dans un an s'ajoutent d'autres dossiers tout aussi lourds à gérer : ceux de Michael Olise (sous contrat jusqu'en 2029) et d'Harry Kane (jusqu'en 2027), deux éléments de classe mondiale. Le premier est le meilleur joueur actuel en Allemagne, le second le meilleur avant-centre de la planète. Chaque cas est particulier mais tous devront être traités avec délicatesse.

Upamecano sur les traces d'Alaba

Dayot Upamecano, dont les performances sont plus constantes que jamais, est désormais le pilier de la défense bavaroise. Alléché par la hausse de salaire obtenue par Alphonso Davies lorsque le Canadien a prolongé, de même que par les conditions dignes d'un vizir du nouveau contrat de Jamal Musiala, l'arrière central français, logiquement, va réclamer de la substance. Prolonger “Upa” s'annonce donc cher et compliqué, d'autant que le Real, comme pour Alaba il y a quelques années, suit de près la trajectoire de l'international tricolore et rêverait de le subtiliser lui aussi sans ouvrir le porte-monnaie. Verrouiller l'avenir à moyen et long terme d'Harry Kane et de Michael Olise s'annonce tout aussi illusoire : les deux attaquants vedettes disposent, selon nos confrères du quotidien munichois TZ, de clauses de départ permettant à des clubs fortunés – évidemment en Premier League – de s'attacher leurs services avant l'échéance de leurs contrats respectifs.

Neuer, Upamecano, Olise et Kane : les quatre meilleurs joueurs actuels du Bayern voient donc leur avenir dans le sud de l'Allemagne s'inscrire en pointillés. La perte sportive immédiate, en cas de départ de tel ou tel l'été prochain, serait immense. Mais le Rekordmeister dispose d'atouts authentiques et bien connus, telle la qualité de vie dans l'environnement du club, qui a offert à une icône comme Franck Ribéry un bail idyllique de douze saisons. Racheter la clause d'un Olise ne serait certes pas gratuit mais, au regard du bien-être apparent du Français en Bavière, semblerait relever d'un investissement raisonnable. Connu pour résister farouchement à l'inflation, le club présidé par Jan-Christian Dreesen s'est mis lui-même en position de faiblesse dans les négociations en prolongeant deux jeunes prodiges, Davies et Musiala, à prix d'or.