Can Uzun, la confirmation

Après un quart de siècle au Bayern, son illustre aîné Thomas Müller, 35 ans, champion du monde en 2014 comme lui, s'est offert cet été un rab de football en s'engageant pour les Whitecaps de Vancouver. Mario Götze, 33 ans, pourrait bien en faire autant dans un an, filer vers l'Amérique du nord, quand il mettra un terme à son bail dans la Hesse, commencé en 2022. Can Uzun, alors, prendra définitivement et pleinement les commandes au cœur du jeu de l'Eintracht – à défaut de celui de la Mannschaft puisqu'il a opté pour la sélection ottomane. Le talent du milieu offensif de 19 ans, déjà visible à grands lambris la saison passée, est effectivement en train de se confirmer avec éclat en cette fin d'été au sein d'une équipe qui s'avance comme le plus sérieux concurrent du Bayern sur la scène nationale.

Les bribes de fiction contenues dans le paragraphe précédent, celles du moins qui concernent le plus jeune des deux joueurs de l'Eintracht, sont en fait déjà une réalité. Samedi 23 août, à l'occasion de la première journée de Bundesliga, c'est bien l'ancien qui, aux alentours de 17h, a remplacé son successeur au cours de la seconde période. Uzun avait alors déjà inscrit un but et distribué deux passes décisives, emmenant les Aigles vers un rutilant succès face au Werder (4-1). Désormais, c'est le gamin qui est dans la place et son aîné qui joue les forces d'appoint – Götze disputait d'ailleurs là ses premières minutes officielles depuis sa blessure à la cuisse droite contre Tottenham, mi-avril en quart de finale retour de Coupe d'Europe. À l'époque, “Super Mario” était encore indispensable et, en son absence, Francfort avait dû s'incliner face aux Spurs et trembler pour se qualifier pour la prochaine Ligue des champions. Uzun, à la sortie du champion du monde, n'était pas entré en jeu.

Tonitruant début de saison

Götze était le chef d'orchestre, donnant littéralement le tempo, rassurant ses partenaires, servant de relais à ses entraîneurs sur la pelouse. Forcément, sa grande expérience sera très utile encore cette saison, notamment dans les matches à grand enjeu mais, après 15 saisons en Bundesliga et 2 en Eredivisie, son temps de jeu va mécaniquement se réduire. À l'image du temps présent, puisqu'il n'a pas encore totalement récupéré de sa blessure du printemps. Avec l'avènement, en parallèle, de Can Uzun, l'Eintracht n'a pas trop de soucis à se faire. Venu de Nuremberg à l'été 2024, l'international turc avait bien besoin d'une saison pour s'acclimater à l'élite allemande, notamment pour assimiler l'indispensable part de travail défensif inhérent à ce niveau.

Si l'on s'en tient aux deux journées écoulées, c'est semble-t-il chose faite. Avec deux buts et deux passes décisives en deux matches, Uzun carbure au super. Homme du match contre le Werder, il a certes perdu un ballon fatal permettant aux Hanséatiques de sauver l'honneur, mais il a impressionné dans le rôle qu'il préfère, milieu offensif axial. « Je veux jouer davantage », claironnait-il à contretemps au printemps, impatient. Son heure est venue, d'autant qu'il s'est astreint cet été à un travail studieux en vue de la reprise. Absent des trois derniers matches de préparation pour des alertes musculaires, il n'a pas été freiné mentalement pour autant. Son entraîneur l'a récompensé par une titularisation en Coupe d'Allemagne, au premier tour de laquelle l'Eintracht est allé s'imposer à Engers (5-0).

Concurrence accrue

Sa qualité de frappe s'est illustrée contre le Werder, avec une retentissante ouverture du score. Elle a servi de base à un record : Uzun est le plus jeune joueur de l'Eintracht, depuis l'instauration des statistiques (en 1988), à être impliqué dans trois buts à l'occasion d'un match de Bundesliga. « Il a fait de gros progrès tout au long de la saison dernière, et il est récompensé », a témoigné un autre buteur ce jour-là, son partenaire Ansgar Knauff. « Dans cette forme, il peut nous être d'une grande aide. » Sans doute n'est-ce pas pour lui déplaire mais Dino Toppmöller va se retrouver, dans leur secteur de jeu, avec l'embarras du choix. Si Götze débute en n°10, Uzun est aussi une option côté gauche. Sauf que dans cette zone, un certain Jean-Mattéo Bahoya, double buteur contre le Werder, se fait lui aussi de plus en plus remarquer... sans parler de la recrue Ritsu Doan, homme du match contre Hoffenheim, à droite !