Carney Chukwuemeka, l'étincelle du réveil de Dortmund

S'il n'est pas devenu chanteur, son rêve de jeunesse, Carney Chukwuemeka a changé le disque rayé du BvB et c'est déjà beaucoup. Formé à Aston Villa, prêté cet hiver par Chelsea le dernier jour du mercato, le jeune milieu offensif apporte aux Schwarzgelben le dynamisme, la fougue et le brin de folie technique qui leur faisaient tout particulièrement défaut cette saison. Ce, suivant un virtuose un pedigree britannique – Jadon Sancho, Jude Bellingham et Jamie Gittens – qui témoigne, ces dernières années, du savoir-faire de Dortmund en matière de recrutement et de développement des talents.

« J'ai la sensation d'être loin d'avoir montré tout ce que j'ai en moi », annonce l'international anglais U20, champion d'Europe 2022 avec la sélection des U19 aux côtés de Gittens, déjà. « Il faut encore que mon corps s'habitue à jouer toutes les semaines, et souvent comme titulaire désormais. » De plus en plus, effectivement, car ses apparitions, depuis son arrivée dans la Ruhr début février, ne sont pas passées inaperçues. Le 20 avril, entré en première période contre Mönchengladbach au Westfalenstadion en remplacement de Maximilian Beier, blessé – le score est alors de 0-1 –, il fait basculer le match. « Ç'a été, pour nous, le game changer. Il a été celui qui s'est arraché, celui qui a créé des situations », constate Niko Kovac en conférence d'après-match. Score final : 3-2 et une implication sur chacun des buts de son équipe. Contre Hoffenheim, une semaine plus tard, rebelote : Chukwuemeka est décisif, cette fois dans le temps additionnel, cette fois malgré lui puisque, ayant heurté le portier adverse Oliver Baumann dans un duel sans commettre de faute, il empêche celui-ci de revenir défendre dans la continuité de l'action qui offrira la victoire aux visiteurs (3-2, encore).

Première titularisation, premier but

La percée de Chukwuemeka, né en Autriche de parents nigérians, est d'autant plus méritoire que l'ancien joueur de Northampton a traversé, depuis son arrivée, des blessures au genou et à la cuisse. Titularisé pour la première fois à l'occasion de la 28e journée, contre Fribourg en Forêt Noire (4-1), il en a profité pour inscrire son premier but en Bundesliga. Sa puissance, ses capacités de récupération et son endurance, surtout lorsque l'équipe, comme trop souvent cette saison, a fait preuve d'apathie, s'imposent naturellement. « Balle au pied, il est fantastique », ajoute Kovac. Pas surprenant, dès lors, que ce dernier lui ait fait confiance aussi sur la scène européenne, où il a même été titulaire contre le FC Barcelone en quart de finale aller.

Reste à savoir, dans le sprint final, si sa réserve foncière sera suffisante, lui qui n'a pas été habitué, ni en Angleterre ni en Allemagne, à de longs temps de jeu. « À Chelsea, Carney a disputé peu de matches et maintenant, il joue massivement. Il faut arriver à encaisser », se méfie Niko Kovac. Qui dispose certes de diverses solutions au milieu – Pascal Gross, Felix Nmecha, Julian Brandt et Maximilian Beier, dont la blessure contre Mönchengladbach fut moins sévère qu'initialement redoutée – mais aura bien besoin de son puncheur anglais dans le sprint final. En fin de saison, le Borussia peut lever l'option d'achat de son jeune milieu de terrain moyennant un peu moins de 35 millions de francs. Une somme inenvisageable si les Jaune et Noir n'atteignent pas la Ligue des champions, vitale pour la stabilité de leurs finances. Même si la participation au Mondial des clubs cet été, qui rapportera au BvB entre 40 et 100 millions de francs selon son parcours, amortirait en partie le choc, ce ne serait, dès lors, pas du tout la même musique...