Daniel Svensson, la bonne pêche du Borussia Dortmund
Arrivé comme inconnu l'hiver dernier dans la Ruhr, le latéral gauche suédois de 23 ans dépasse allègrement les attentes chez les Jaune et Noir et constitue la plus grande satisfaction de l'année pour son entraîneur Niko Kovac.
Mené 0-2 à la pause par le Real Madrid, le Borussia Dortmund était dans l'impasse. Daniel Svensson, venu de son poste d'arrière gauche, a alors multiplié les appels plein axe autour de Serhou Guirassy, complètement sevré de ballons pendant trois quarts d'heure. Les Jaune et Noir, frustrés et impuissants jusque là, ont relevé la tête et contraint le club espagnol, finalement vainqueur 3-2, à une fin de match échevelée pour accéder aux demi-finales de la Coupe du monde des clubs. Certes, le jeune défenseur suédois n'a pas été le seul à se démener pour maintenir l'espoir – Maximilan Beier, entré à la mi-temps, a fait tout ce qu'il a pu lui aussi pour refuser la défaite. Mais, comme d'habitude, l'activité de Svensson a grandement servi son équipe.
Pour un entraîneur comme Niko Kovac, qui compte la discipline et l'engagement comme valeurs essentielles, la volonté du Suédois s'inscrit directement dans la colonne des “plus”. Les deux hommes ont débuté leur mission à Dortmund le même jour, début février, comme un symbole d'un état d'esprit sur la même longueur d'ondes bien qu'ils ne se fussent jamais croisés auparavant. Recruté par le BvB avant la prise de fonctions de l'entraîneur croate, Svensson n'aurait pas pu mieux correspondre aux critères de Kovac. « Daniel aborde son métier exactement comme je l'entends », loue ce dernier. « Il est bien plus mature que ses 23 ans ne le laissent paraître. Il s'adapte immédiatement à tout ce qu'on lui demande. C'est fantastique », insiste-t-il. « Je suis heureux qu'il existe encore ce genre de joueurs, immédiatement opérationnels. J'aimerais que ce soit le cas de tout le monde. »
Sobriété scandinave
Svensson n'a effectivement pas attendu le Mondial des clubs pour interpréter son rôle de latéral gauche avec un appétit d'autant plus ostensiblement démesuré que le Borussia, jusqu'en mars, était embourbé dans une saison atone. Et le contraste ne s'arrête pas là : le Suédois est aussi discret en dehors qu'il est impliqué sur le terrain. « Je me concentre sur mon jeu », a-t-il sobrement expliqué dans les coursives du stade de Cincinnati à l'issue de la victoire face à Ulsan (1-0). « Il semblerait que cela plaise à l'entraîneur, ce qui, évidemment, me réjouit beaucoup. » Des propos tranquilles, qui cachent une réelle détermination. « J'entends continuer dans cette voie et devenir encore meilleur », scande le jeune international aux trois sélections.
Il peut, pour cela, s'appuyer sur de solides prestations, à l'image de ce match contre Ulsan où, servi par Jobe Bellingham, il est venu battre le gardien adverse, par ailleurs infranchissable, pour l'ouverture du score. Profitant ainsi de son appétence pour l'offensive mais aussi de la réorganisation tactique rendue nécessaire par l'absence, pour le tournoi américain, de Nico Schlotterbeck. Cette défection a en effet poussé Niko Kovac à intégrer Rami Bensebaini dans une défense à trois avec Waldemar Anton et Niklas Süle, ouvrant un espace dans le couloir gauche à un Svensson jusqu'alors en concurrence avec l'international algérien.
Des qualités qui plaisent dans la Ruhr
Daniel Svensson n'est pas avare d'efforts et, pour un Kovac dont la priorité était, à la sortie de l'hiver, de remettre en forme sa nouvelle équipe, le Suédois est une bénédiction. Résultat, ce dernier joue systématiquement, assumant malgré lui un rôle d'exemple en matière de discipline et de capacité de course. De fait, le Croate retrouve en son jeune défenseur les qualités sur lesquelles lui-même s'appuyait quand il était joueur, au premier rang desquelles la résistance physique et mentale, mais aussi sa capacité à se hisser au premier plan à travers un travail acharné. Deux aspects – l'énergie et la mentalité – qui, de surcroît, collent à merveille au décor local dans la Ruhr et qui peuvent ainsi en partie expliquer le succès de l'entraîneur comme du joueur.
En ce sens, Svensson est le nouveau Schmelzer, ou le miroir fidèle de son compère scandinave de l'autre aile, le Norvégien Julian Ryerson. De ceux qui font tourner la machinerie, dans l'ombre le plus souvent, ou qui sauvent d'un sprint effréné un ballon qui allait sortir en touche en faveur de l'adversaire. Avec le Suédois, pas d'esbrouffe, pas d'extravagance, pas d'excentricité, pas d'extrême, sinon celle de la conviction qu'en persévérant, les résultats suivront. Tout ce dont Dortmund avait besoin pour retrouver de la moëlle.