Dino Toppmöller, la machine à cash
L'excellente saison réussie par l'Eintracht, 3e de Bundesliga, est notamment à mettre au crédit de son entraîneur, qui fait progresser ses joueurs non seulement sur le plan sportif mais, en parallèle aussi, sur le plan de leur valeur financière.
Les plus-values financières de l'Eintracht, ces dernières saisons, ont toutes été plus spectaculaires les unes que les autres. Quelques-unes, en particulier, restent à l'esprit, et notamment Randal Kolo Muani, acheté à Nantes 15 millions de francs à l'été 2022 et revendu au Paris Saint-Germain 90, soit six fois plus, un an plus tard. Depuis sa prise de fonction il y a deux ans, l'actuel entraîneur de Francfort, Dino Toppmöller, s'inscrit parfaitement dans cette dynamique, remarquablement épaulé par un directeur sportif de grande compétence, Markus Krösche.
Le club de la Hesse continue donc, y compris dans le courant de la saison, d'engranger de substantiels bénéfices. Le départ vers l'Angleterre de l'Egyptien Omar Marmoush, l'hiver dernier, a ainsi rapporté plus de 50 millions nets et l'Eintracht a parfaitement su diluer cette perte sportive puisque l'éclosion de l'attaquant français Hugo Ekitiké, entre autres, a permis aux Aigles de décrocher la 3e place de Bundesliga et, ce faisant, la première qualification directe pour la Ligue des champions de l'histoire du club. Marmoush ? Même pas mal.
Le défi Wahi
Toppmöller ne ménage pas ses efforts pour faire progresser sportivement ses joueurs, ce qui a pour conséquence la hausse de leur valeur marchande. Son dernier chantier en date : Elye Wahi, autre attaquant français, 22 ans, arrivé l'hiver dernier de Marseille pour 20 millions de francs environ. Peu utilisé depuis, Wahi n'a pas apporté pour l'instant le moindre retour sur investissement. Alors son entraîneur a décidé de s'occuper personnellement de lui, l'invitant à du rab une fois les séances d'entraînement collectives terminées pour travailler, notamment, son positionnement et sa frappe de balle. Ce, en le prenant régulièrement par l'épaule pour lui prodiguer autant de conseils que possible.
Depuis son arrivée en 2023, Toppmöller collectionne les réussites financières. En deux ans, il a fait progresser la valeur des éléments catégorisés en interne comme “High potential players” (joueurs à fort potentiel) de près de 200 millions de francs. Ekitiké a déjà pris une soixantaine de millions de valeur supplémentaire entre le jour de son arrivée et le printemps actuel. L'ailier Nathaniel Brown plus de 10 millions. Le milieu suédois Hugo Larsson plus de 30 millions. L'autre milieu scandinave – danois, celui-ci – Oscar Höjlund près de 7 millions. Le défenseur germano-nigérian Nnamdi Collins près de 10 millions. Et évidemment le gardien brésilien Kaua Santos, 2 millions. Quant au défenseur équatorien Willian Pacho, il a quitté la Hesse en août 2024 en direction de la région parisienne pour près de 40 millions, en rapportant donc 25 à l'Eintracht en valeur nette.
Souci du détail
Ces gains, évidemment, ne sont pas une simple succession de coups de chance. Ils correspondent à des recettes et à un savoir-faire précis. À commencer par le souci du détail, l'un des secrets du haut niveau tous sports confondus. En lui conseillant l'intérieur plutôt que le cou de pied, Toppmöller a par exemple nettement accentué le taux de réussite de Marmoush devant le but, ce qu'il avait déjà fait avec Jamal Musiala à l'époque où il était l'adjoint de Julian Nagelsmann au Bayern. Ce souci du détail passe aussi par des séances vidéo personnalisées, notamment à destination des garçons du secteur offensif, qui était celui de Toppmöller lorsqu'il était joueur lui-même. Un profil qui lui confère à la fois autorité et complicité avec ses pros.
Vertu en perte de vitesse, la patience est aussi l'un des atouts du coach de l'Eintracht. Le cas de Nathaniel Brown est à cet égard emblématique, qui n'a pas joué la moindre minute des sept matches disputés à la suite de son arrivée mais qui, à force de travail physique et tactique, est devenu l'un des hommes en vue de la fin de saison. Jean-Mattéo Bahoya a suivi une trajectoire un peu similaire, trouvant petit à petit confiance après des performances médiocres et finissant par occuper avec brio le poste laissé vacant par Omar Marmoush. Tout bien considéré, le club n'avait plus d'autre choix, en fin de saison, que de prolonger de deux ans le contrat de son entraîneur, désormais lié à l'Eintracht jusqu'en 2028. Avec l'espoir de rentabiliser haut la main son augmentation de salaire...
