Exclusif - Yann Sommer : "On a besoin d'avoir tout le pays derrière nous !"

Avec 88 matchs internationaux, tu es de loin l'international Suisse le plus capé parmi les gardiens de but. Quelle importance accordes-tu à ces chiffres et statistiques ?

Yann Sommer : Bien sûr, toutes les statistiques positives me font plaisir. Et les matchs internationaux me montrent que j'ai déjà eu une longue carrière en équipe nationale ! Ça me fait plaisir mais je n'accorde pas beaucoup d'importance à ces statistiques, elles reflètent ce que j'ai accompli ces dernières années.

D'autres matchs internationaux viendront s'y ajouter, notamment lors de l'Euro en Allemagne. C'est déjà le sixième grand événement pour toi. Cela devient-il une routine ?

Ce ne sera jamais une routine. Mais bien sûr, quand on en a déjà vécu plusieurs, on devient plus sûr de soi, on sait comment tout se passe, ce qui nous attend - mais chaque tournoi est très spécial. En tant que footballeur, participer à un tel événement avec son propre pays, représenter la Suisse, c'est de la fierté à l'état pur et cela le sera toujours !

C'est aussi pour toi le grand retour en Allemagne. Est-ce que tu as hâte ?

Je pense que l'Allemagne va créer une superbe ambiance dans les villes et dans les stades, que je connais très bien. J'ai joué de nombreuses années en Allemagne, je connais beaucoup de gens, ça va être cool ! Je me réjouis beaucoup de ce tournoi - et d'aborder le prochain défi avec cette équipe et de faire aussi bien que possible.

Pour terminer en phase de groupes, il y aura aussi un duel contre les Allemands. Un vrai choc...

Absolument, ce sera l'occasion de se mesurer à l'une des meilleures nations de football à mes yeux. Les Allemands ont d'énormes qualités en terme de joueurs et on va aussi très bien se préparer pour ce match à Francfort contre l'Allemagne.

La barre des 100 matches internationaux n'est plus très loin - c'est aussi un objectif pour toi ?

Si ça arrive - cool ! Mais j'attends, je ne suis pas fixé d'objectifs sur de tels chiffres et je n'ai pas besoin de 100 matches internationaux pour pouvoir dire que ma carrière en équipe nationale est désormais terminée. Je veux avant tout faire un bon tournoi et voir combien de matches il me reste à jouer.

L'atmosphère autour de la Nati était quelque peu tendue ces derniers temps, les performances étaient mitigées et les critiques nombreuses. La fédération a confirmé l'entraîneur Murat Yakin jusqu'à l'Euro et veut même le prolonger. Est-ce que les joueurs majeurs du groupe ont été consultés avant cette décision ?

C'était une décision de la fédération, qui a mené les discussions avec le coach. Bien sûr, on demande de temps en temps aux joueurs comment ça se passe, comment ils se sentent. Il y a des discussions ouvertes, ce qui est très important. On n'a pas fait de très bonnes qualifications en termes de résultats, mais on a quand même décroché le billet pour l'Euro et atteint ainsi notre objectif le plus important. Évidemment qu'en tant qu'équipe, avec le coach et le staff, on examine très minutieusement ce que l'on dois améliorer à l'avenir car nous voulons nous améliorer et réussir contre les grandes nations que l'on va rencontrer déjà en phase de groupe.

Les fans de football en Suisse, aimeraient bien revivre une qualification pour les quarts de finale comme en 2020 après la qualification héroïque aux tirs au but contre la France...

...Nous aussi ! Chaque fois que l'on se rend à un tournoi, on veut obtenir le maximum de succès. Nous avons un groupe difficile, de bons adversaires contre lesquels on devra être en très bonne forme et performants pour réussir. L'objectif premier est toujours de réaliser une bonne phase de groupe et d'atteindre les huitièmes de finale. On y est souvent parvenu par le passé, c'est formidable, mais ce sont d'abord les matches de groupe qui sont au centre de nos préoccupations - ce seront de bons matches et de grands chocs.

Penses-tu encore souvent à ce penalty de Kylian Mbappé que tu as arrêté contre la France ?

C'est bien sûr l'un des plus beaux moments de ma carrière. Atteindre pour la première fois les quarts de finale avec la Suisse, éliminer une grande nation, après un match difficile dans lequel nous étions menés 1:3 et presque éliminés, puis revenir et gagner aux tirs au but - c'était un thriller absolu, presque digne d'Hollywood. On y pense de temps en temps, mais c'était il y a quelques années déjà - et maintenant on travaille à de nouveaux moments mémorables.

Avec Manuel Akanji peut-être champion en Premier League, Granit Xhaka surement champion d'Allemagne et toi probablement champion d'Italie, jamais la Suisse n'a semblé aussi bien armée avant d'entamer une grande compétition. Qu'est-ce que peuvent apporter au groupe autant de joueurs qui gagnent les trophées les plus prestigieux ?

Si ça se confirme, ce sera évidemment un grand plus pour nous. Ce sont des expériences qui nous font progresser et donc progresser l'équipe nationale. Chaque joueur qui connaît un parcours aussi positif apporte aussi cette énergie à la sélection, on l'a vu ces dernières années. On a la chance que de nombreux joueurs, ou presque, jouent à l'étranger, acquièrent des expériences et vivent des situations formidables à différents niveaux et dans différents clubs, et qu'ils apportent ensuite cela à l'équipe nationale. De tels titres nous apportent encore plus d'expérience en tant qu'équipe, ce qui est très précieux.

Ton coéquipier Granit est également en passe de réaliser quelque chose de grand cette saison avec son club, est-ce que tu peux nous donner ton avis sur le joueur ?

Un joueur absolument top, un vrai patron sur le terrain, il a beaucoup de qualités, la vista, un excellent sens du jeu, il sait quand il faut calmer le jeu ou donner plus de rythme. Il tire les ficelles depuis le coeur du jeu. Il fait la même chose maintenant à Leverkusen et l'a déjà fait auparavant à Arsenal. C'est un joueur très, très important pour nous et un crack absolu en Europe.

Et l'homme Granit Xhaka ?

On se connais depuis des années, on a déjà joué ensemble à Bâle et pour la Suisse en tant que jeunes - c'est un type formidable, un super coéquipier. C'est aussi un super capitaine qui prend ses responsabilités et essaie, à sa manière, de rendre l'équipe plus performante. En bref : un grand joueur et une grande personne !

Est-il sous-estimé en Suisse ?

C'est difficile à dire. C'est peut-être aussi une manière Suisse de ne pas être trop euphorique. C'est en tout cas un grand avantage qu'il joue dans notre équipe. Il va aussi nous aider énormément à l'Euro par ses performances.

Pensez-vous que Leverkusen puisse réaliser le doublé ou le triplé et terminer la saison invaincu ? Et est-ce que vous suivez cela de près ?

Bien sûr, je ne peux pas regarder tous les matchs en direct, mais je suis toujours ce que font mes collègues de la Nati, je regarde beaucoup de highlights. La Bundesliga de toute façon, puisque j'ai joué pour Gladbach et le Bayern et que ces clubs continuent de m'intéresser particulièrement. D'après ce que j'ai vu, le Bayer a un super coach, une équipe très bien composée avec beaucoup de qualité, ils encaissent peu de buts et jouent avec beaucoup, beaucoup d'intensité. C'est top ! Je souhaite à Granit que la saison soit aussi réussie que possible.

Avez-vous un message à faire passer aux supporters en vue de l'Euro ?

En tant qu'équipe, on se réjouit beaucoup de ce tournoi. Et aussi de l'ambiance avec les fans, de réaliser quelque chose ensemble. Ces images, lorsque l'on a atteint les quarts de finale contre la France, ce qui s'est passé en Suisse, comment les gens ont fait la fête et comment les rues étaient pleines - c'est magnifique. Ce sont des souvenirs qui me donnent la chair de poule encore aujourd'hui. En tant qu'équipe, on a besoin de soutien, d'avoir tout le pays derrière nous - et c'est donc mon souhait pour tous les fans de la Nati : que nous essayions ensemble de jouer un Euro mémorable en Allemagne.