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Florian Wirtz ou le déclassement du Bayern

Lortho

Le choix du prodige de Leverkusen de s'orienter vers la Premier League au détriment du Bayern témoigne moins d'un recul financier du Rekordmeister dans la hiérarchie européenne que de son manque d'attractivité sportive actuel.

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Florian Wirtz à l'échauffement avant son dernier match de Bundesliga, le 17 mai. © IMAGO / Vitalii Kliuiev

« Le Bayern n'a pas besoin de lui. » Selon ce supporter du Bayer, croisé cette semaine dans les rues de Leipzig arborant fièrement un t-shirt “Doublé 2024”, le champion d'Allemagne 2025 survivra sportivement au choix de Florian Wirtz de décliner son offre. « Il est encore jeune et le choix de la Premier League est risqué – d'autres avant lui n'ont pas réussi à s'y installer comme titulaires – mais on peut comprendre qu'il opte pour un championnat et un club de premier rang pour poursuivre son développement. Ce qui peut grandement contribuer au bonheur de l'équipe nationale aussi ! » Aux côtés de ce fan de Leverkusen, une jeune femme venue elle aussi de la ville de Rhénanie du Nord avoue sans détour sa préférence pour un départ du milieu offensif de 22 ans vers le championnat d'Angleterre.

Mehmet Scholl, Oliver Kahn et Michael Sternkopf de Karlsruhe ; Michael Ballack, Zé Roberto et Lucio de Leverkusen ; Claudio Pizarro, Miroslav Klose, Valérien Ismaël et Tim Borowski de Brême ; Giovane Elber et Mario Gomez de Stuttgart ; Mario Götze, Mats Hummels et Robert Lewandowski de Dortmund : fut un temps où le Bayern aspirait systématiquement les meilleurs éléments de Bundesliga, pas tant pour affaiblir la concurrence que parce que le choix de rejoindre le géant de Bavière, mesure de toutes choses sur le plan national au moins, s'imposait à eux. Bien que le défenseur central international Jonathan Tah ait officiellement signé à Munich cette semaine, cette époque est révolue. Son terme est même précisément daté : 2015, année du départ de Kevin de Bruyne de Wolfsburg vers les brumes de Manchester pour 75 millions de francs.

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Les chemins de Jonathan Tah, qui vient de signer au Bayern, et de Florian Wirtz se séparent.

« Nous sommes sûrs qu'il va venir »

Depuis, la tendance s'est confirmée, et très largement vers la Premier League. Ousmane Dembélé (vers Paris, dans ce cas), Jude Bellingham (vers Madrid), Ilkay Gündogan, Manuel Akanji, Erling Haaland, Josko Gvardiol, Omar Marmoush, Roberto Firmino, Ibrahima Konaté, Dominik Szoboszlai ont tous échappé aux sirènes bavaroises qui, dans certains cas c'est vrai, n'ont pas chanté beaucoup pour les attirer. Mais il y a pire : Ryan Gravenberch ou Chris Richards étaient sous contrat au Bayern, n'y ont pas eu leur chance et sont partis s'épanouir en Angleterre eux aussi. L'excuse facile des finances, parfois légitime – il est illusoire de vouloir rivaliser les yeux dans les yeux, en matière de budget, avec des clubs adossés à des puits sans fond alimentés par des États tels le Qatar ou Abu Dhabi, clubs que le patron Uli Hoeness a naguère qualifié de “chieurs de fric” –, est donc largement inopérante.

Et particulièrement dans le cas de Wirtz : autant que l'on sache, l'offre salariale du Bayern et celle de Liverpool sont proches et l'on ne nous fera pas croire qu'un joueur aussi exceptionnel serait à un petit million près. Non – et c'est presque plus embêtant –, si le Bayern a échoué, ce serait plutôt dans les domaines sportif et médiatique. « Nous sommes sûrs qu'il va venir », auraient claironné les patrons du club. Qu'ils l'aient réellement formulé ainsi ou non importe finalement peu : dès lors que la phrase fut parue, le mal était fait. La famille Wirtz agacée. Liverpool, lui, n'a pipé mot, comme c'est de coutume au bord de la Mersey. A convaincu le joueur sportivement, sans l'ébruiter. Arne Slot, l'entraîneur des Reds, lui a exposé son plan de jeu, où Wirtz jouera un rôle central. À cela s'ajoute l'attractivité du championnat anglais, la magie d'Anfield Road, le statut de favori à la Ligue des champions que Liverpool s'apprête à assumer la saison prochaine. Restait la qualité de vie bavaroise comme contre argument. Solide, surtout en comparaison de la rouille liverpuldienne, atténuée néanmoins ces dernières décennies, mais minime, en comparaison de tous les autres.

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Florian Wirtz, le milieu offensif modèle, désormais légendaire à Leverkusen.

L'océan de la mondialisation

Le défi, pour le Bayern, est désormais double : contourner le relatif handicap financier face aux clubs sans limite, et reconstituer un argumentaire et une politique sportifs à même de séduire les futures recrues. Au plan individuel, les alternatives existent toujours, telle la star de Bilbao Nico Williams. L'ailier espagnol correspondrait peut-être même davantage que Wirtz au système de jeu bavarois, avec Musiala dans l'axe et Olise à droite. Le problème est surtout la cohérence sportive d'ensemble. Que ce soit à la direction générale, à la direction sportive ou sur le banc, personne, à l'ombre des parrains, n'a pu jouir de la liberté décisionnelle qu'elle induit. Oliver Kahn ou Hasan Salihamidzic naguère, Max Eberl aujourd'hui, sans parler de l'entraîneur, n'ont jamais eu les coudées franches pour élaborer puis mettre en œuvre une stratégie. Le Bayern, en somme – c'est le cas de le dire –, n'a pas encore trouvé la parade à la mondialisation du sport. Tel un joueur de bataille navale, il tire à l'aveugle. Matthijs de Ligt, Lucas Hernandez ou Sadio Mané sont à ce titre des exemples éloquents : leur recrutement, pourtant dispendieux, ne s'est pas inscrit dans une vision d'ensemble d'un effectif harmonieux. Alors, comment ne plus errer dans le changement d'ère sans changer d'air ?

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