Fribourg, la garantie du “fait maison”
Le club de la Forêt-Noire, cette saison encore, a surperformé par rapport à son budget. Il doit notamment cette réussite à sa formation, sur laquelle il s'appuie plus que toute autre équipe de Bundesliga.
Si, dans la restauration, le “fait maison” est particulièrement apprécié, il garantit visiblement aussi un certain succès dans le football allemand. La meilleure illustration ; le SC Fribourg, 5e du dernier exercice, qualifié pour l'Europe dont il est désormais un habitué puisqu'il a atteint les 8es de finale de Ligue Europa en 2023 et en 2024. Si le club du sud-ouest de l'Allemagne optimise ce filon, il n'est pas une exception pour autant : Mayence, son suivant direct au classement et lui aussi qualifié pour l'Europe, applique sensiblement la même recette. À savoir aligner en équipe première un grand nombre de joueurs formés au club.
Dans ce domaine, Fribourg est en pole position. Les joueurs formés dans la Forêt-Noire ont totalisé, au long de la Bundesliga 2024-2025, 9682 minutes de jeu. Seul Mayence suit à peu près la cadence car, pour le reste, personne ne rivalise. À l'extrême opposé, Kiel, Saint-Pauli et Francfort n'ont pas aligné un joueur “maison” de toute la saison... À Fribourg, c'est au contraire une stratégie, voire une religion. Lorsque, en 2023, le jeune gardien Noah Atubolu, tout juste titularisé par Christian Streich en début de saison, accumule les boulettes et que la presse s'en émeut, son entraîneur calme aussitôt la meute en conférence de presse : « Noah est titulaire et le restera. » Fin du débat. Comme toujours avec le sorcier local, les faits lui donnent raison : non seulement l'international espoir s'est imposé, mais il impressionne même, notamment sur les penalties, bien au-delà de ce qui lui est foncièrement demandé.
Un champion du monde comme taulier
Pas moins de neuf joueurs formés à Fribourg ont été alignés en Bundesliga cette saison, pour un total de 150 apparitions : Matthias Ginter, Christian Günter, Noah Atubolu, Max Rosenfelder, Nicolas Höfler, Johan Manzambi, Noah Weisshaupt, Bruno Ogbus et Maximilian Philipp. Avec 2561 minutes de jeu, le champion du monde mène la danse. Mais les joueurs de cette liste n'ont pas tous été intégralement formés en Forêt-Noire, à l'image des deux Suisses Ogbus et Manzambi, arrivés respectivement en 2022 et 2023 et passés par les U17 (pour le premier), U19 et l'équipe réserve. À l'inverse, Atubolu et Rosenfelder sont nés à Fribourg et garantissent au club, à moins d'un départ vers une écurie plus huppée – comme Jonathan Burkardt à Mayence –, de réelles perspectives d'avenir.
À Mayence comme à Fribourg, les attentes ont grimpé avec le niveau de l'équipe première, qu'il est dès lors forcément plus difficile d'atteindre pour les talents locaux. Au SCF, le temps de jeu d'un Weisshaupt a diminué. Le défenseur central Kenneth Schmidt, utilisé à 13 reprises par Streich en 2023, a été vendu à Düsseldorf. Robert Wagner ou Berkay Yilmaz ont dû accepter, quant à eux, plusieurs saisons en prêt. Au FSV, où les équipes de jeunes sont une référence – les U19 ont remporté le titre en 2023, pour la première fois depuis 2009 avec un certain Thomas Tuchel sur le banc –, s'affirmer chez les pros est également plus compliqué. Rien n'est impossible pour autant : les joueurs formés au Bayern ont bien disputé 5397 minutes cette saison en Bundesliga avec le Rekordmeister...
