Futur radieux, public séduit: les 5 leçons du parcours de la Suisse
L'équipe de Suisse a quitté "son" Euro par la grande porte vendredi à Berne, malgré la défaite face aux championnes du monde espagnoles en quart de finale (2-0).
Voici les cinq leçons à retenir du beau parcours des joueuses de Pia Sundhage à domicile.
Les Suissesses ont pu le constater vendredi: il existe toujours un fossé entre elles et la meilleure sélection du monde. Même si le score n'a pas été aussi sévère que lors des trois précédents affrontements avec la Roja (5-1, 5-0, 7-1), la Suisse n'a pas vraiment existé dans ce quart de finale. Elle aurait même pu vivre une soirée plus compliquée si Mariona Caldentey avait transformé son penalty à la 9e minute. Et les montants vernis de Livia Peng ont également permis de retarder l'inéluctable.
Le plan concocté par Pia Sundhage a toutefois bien fonctionné, la défense helvétique tenant le coup et limitant l'impact des attaquantes ibériques en première mi-temps. Mais à force d'insister, les championnes du monde ont trouvé la faille et les Suissesses n'avaient clairement pas les moyens d'inverser la tendance.
Cette élimination somme toute attendue est bien plus prometteuse que décevante, lorsqu'on réalise que la Suisse alignait dans son onze trois joueuses âgées de 18 ans: Noemi Ivelj, Sydney Schertenleib et Iman Beney. La Valaisanne, frustrée dans son rôle d'avant-centre vendredi malgré ses efforts répétés, est d'ores et déjà indispensable à cette équipe de Suisse. Avec Leila Wandeler, 19 ans, Smilla Vallotto, 21 ans, et même la gardienne Livia Peng, 23 ans, qui a rendu la confiance que lui a accordée Sundhage, la Suisse peut voir l'avenir avec sérénité.
La sélectionneuse a du reste comparé cette compétition à un "décollage". "Les footballeuses atteignent généralement leur meilleur niveau autour de 27-28 ans. Mais déjà d'ici deux ou trois ans, la Suisse aura dans ses rangs plusieurs joueuses de classe mondiale. Et il y en aura d'autres qui n'étaient pas présentes lors de cet Euro", promet la Suédoise.
Outre cette jeune génération sans complexe, la Suisse a également pu compter sur des leaders techniques qui ont montré la voie tout au long du tournoi. Indispensable au milieu du terrain, la capitaine Lia Wälti (32 ans) a tenu son rang après avoir été longtemps incertaine. Ses feintes et son sens de l'anticipation ont fait merveille à la récupération et elle a été à l'origine de plusieurs buts helvétiques.
A ses côtés, Géraldine Reuteler (26 ans), trois fois nommée meilleure joueuse du match durant la phase de groupes, a de loin été la Suissesse la plus décisive. C'est bien la Nidwaldienne qui a débloqué la situation face à l'Islande (2-0) et offert le but de la qualification pour les quarts à Riola Xhemaili contre la Finlande (1-1).
Si Viola Calligaris et Julia Stierli ont par moments été en difficulté, ce n'est pas le cas de Noëlle Maritz, "un vrai roc" aux yeux de Pia Sundhage. L'arrière d'Aston Villa (29 ans) a signé des performances de choix dans l'axe, tant dans une défense à trois que dans la défense à quatre alignée face à l'Espagne.
Des stades pleins, des fan-zones remplies, des audiences records: jamais la Suisse ne s'était enflammée à ce point pour du football féminin. Joueuses, membres du staff et dirigeants de l'ASF ont toutes et tous relevé ce soutien populaire espéré mais qui n'était pas garanti.
"Le soutien du public a été phénoménal. J'en rêvais, mais c'était vraiment au-delà de mes espérances. Je suis très fière de la Suisse", lâche Pia Sundhage. Les fans de football du pays devront se souvenir de ces moments qui risquent fort de ne plus jamais se produire. Car au rythme où grandit l'Euro féminin, la Suisse ne pourra vraisemblablement plus organiser un tel évènement toute seule dans le futur.
Confier le poste de sélectionneuse à Pia Sundhage début 2024, à un an et demi du grand rendez-vous, s'est révélé être un choix payant. La Scandinave a relancé une équipe à l'arrêt après une année 2023 pénible. Sa principale réussite: avoir su intégrer une jeune garde prometteuse autour de plusieurs joueuses expérimentées.
Nul ne sait encore si l'expérimentée suédoise, qui avait songé à prendre sa retraite avant de recevoir l'offre de l'ASF, sera à la barre pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2027. Son contrat court jusqu'à la fin de l'année 2025 et la mission qui lui avait été fixée est accomplie. Mais sans doute que la fédération aimerait bien que l'aventure se prolonge un peu plus longtemps.