Grasshopper encore en barrage, pas si étonnant que ça
Comme en 2024, Grasshopper doit à nouveau disputer le barrage de promotion-relégation (match aller mardi à 20h30), ce qui ne manque pas de logique. De son côté, Aarau veut retrouver la Super League dix ans après son dernier passage dans l'élite.
Lors de la dernière journée de championnat, GC a tout de même réussi à éviter la relégation directe grâce à sa victoire à domicile contre Saint-Gall (2-0). Mais comment expliquer que le "Rekordmeister" tremble une nouvelle fois pour son maintien en Super League? Le passage sous pavillon américain en janvier 2024 ne devait-il pas permettre aux Sauterelles de retrouver les sommets?
Les nouveaux propriétaires, qui sont aussi à la tête du Los Angeles FC, ont certes injecté beaucoup d'argent, mais ils n'ont repris qu'une partie des dettes et le déficit structurel se chiffre en dizaines de millions. Ils n'étaient pas prêts à investir davantage, ce qui aurait été nécessaire.
Un autre problème était le trop grand nombre de cadres. Huit membres de l'équipe ont été informés l'été dernier qu'ils ne joueraient plus aucun rôle à l'avenir et qu'ils pouvaient partir. Tous ont refusé, et GC a dû attendre la trêve hivernale pour se séparer de quatre d'entre eux.
Les chantiers en cours sont nombreux au sein du club 27 fois champion de Suisse. Beaucoup de choses ne fonctionnent toujours pas comme elles le devraient. Par exemple, des factures ont été envoyées sans justificatifs et le contrôle de gestion laisse à désirer.
Le point positif est que, selon les dires, il règne désormais une ambiance plus agréable au sein du club que sous la direction chinoise. Mais il y avait tout simplement trop de choses à régler avant la reprise par les Américains.
Tomas Oral, qui a remplacé Marco Schällibaum au poste d'entraîneur en novembre dernier, n'échappe pas non plus à certains soupçons. Certes, l'équipe a gagné en stabilité sous la houlette du technicien allemand, dont le mandat avait commencé par neuf matches de championnat sans défaite. Mais il n'y a eu que deux victoires au cours de cette période, avant que son équipe ne signe plusieurs performances franchement inquiétantes, notamment lors des deux matches très importants contre Winterthour (défaites 0-1 et 0-2).
Certains choix d'Oral ont étonné, comme lors de ce derby zurichois perdu 3-0 le 10 mai. Il avait notamment misé sur le jeune Yannick Bettkober (20 ans) au poste d'arrière droit, alors que ce dernier n'avait été aligné qu'une seule fois en Super League. Son choix de titulariser l'ailier Nestory Irankunda à la pointe de l'attaque au détriment de Nikolas Muci, meilleur buteur des Sauterelles, a également interrogé.
Il faut toutefois mettre au crédit d'Oral un "final" en trombe (victoires contre Yverdon 5-0 et contre Saint-Gall 2-0) qui a permis à GC d'éviter la relégation directe. Cela montre un certain esprit d'équipe malgré de très nombreux contrats qui arrivent à échéance. Oral avait d'ailleurs souligné auprès de Keystone-ATS après le succès face aux Brodeurs, "le caractère et l'attitude irréprochables de cette troupe, qui a toujours su encaisser les coups durs".
Reste que le potentiel de cette équipe aurait dû lui permettre d'éviter un deuxième barrage consécutif après s'être sauvé face à Thoune l'an dernier. Et peu importe l'issue de la double confrontation contre Aarau, il devrait y avoir du mouvement cet été au GCZ.
Ce changement sera initié par Alain Sutter, qui a succédé le 5 mai à l'Allemand Stephan Schwarz au poste de directeur sportif. Sutter n'est pas seulement un grand nom du football suisse, il a aussi un passé chez les Sauterelles, avec lesquelles il a été champion de Suisse en 1990 et 1991. En tant que directeur sportif, il a déjà fait de l'excellent travail à Saint-Gall.
Mais il s'agit d'abord d'éviter le pire, une nouvelle relégation après celle de 2019. Pour ne rien arranger, Grasshopper doit jouer le match à domicile mardi à Lugano, car le Letzigrund n'est pas disponible en raison d'un concert. Le match retour aura lieu vendredi en Argovie.
De son côté, Aarau s'apprête à disputer un deuxième barrage depuis sa relégation en Challenge League 2015. Il y a six ans, les Argoviens avaient été les victimes d'une improbable "remontada" de Neuchâtel Xamax, malgré leur succès 4-0 acquis à la Maladière lors du match aller.
En 2022, Aarau avait abordé le dernier tour du championnat à la première place avant de terminer finalement au troisième rang lors de l'ultime journée. Cette saison, le FCA a pris la tête du classement au 25e tour après neuf victoires consécutives, un point devant Thoune, avant de connaître une fin d'exercice en demi-teinte. Réussira-t-il cette fois à faire pencher la balance en sa faveur?