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Jocelyn Gourvennec, l'exil pour retrouver le fil

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Un an et demi après sa dernière expérience comme entraîneur, le Breton Jocelyn Gourvennec, 53 ans, passe la frontière française pour la première fois et va tenter de retrouver à Genève, avec le Servette, la magie des débuts de son parcours de coach, quand il faisait des étincelles avec Guingamp.

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Jocelyn Gourvennec dirige l'entraînement à Genève, le 12 août. © IMAGO / Sports Press Photo

Il faut remonter à mars 2024 pour retrouver Jocelyn Gourvennec sur un banc d'entraîneur mais il aurait fallu rembobiner jusque avant 1815 – un peu ancien à l'échelle d'une carrière, convenons-en – pour qu'en arrivant à Genève, il continue en France un parcours qui n'a connu jusqu'ici, tant comme joueur que comme coach, que l'Hexagone. Le Servette, où le Breton a pris ses fonctions cette semaine, sera en effet sa première aventure à l'étranger. Et il va falloir oublier toute période d'acclimatation : dès ce mercredi, l'équipe s'est envolée pour Utrecht, où elle dispute ce jeudi soir la manche retour du 3e tour qualificatif de Ligue Europa. Le Servette s'étant incliné 1-3 en Suisse à l'aller, le défi est gigantesque. « J'ai vu tous les matches depuis le début de saison », a précisé le quinquagénaire à l'occasion de sa conférence de presse de présentation, mardi. « Il y a sept recrues (Bronn, Njoh, Morandi, Fomba, Jallow, Mraz et Ayé), des jeunes qui découvrent le niveau et des joueurs expérimentés. Il faut donner vie ensemble à ces trois entités, synchroniser le groupe », a-t-il ajouté. Peu envisageable en quelques heures mais bienvenu pour le plus long terme.

Si Gourvennec retrouvait l'alchimie de son passage à l’En Avant Guingamp, l'espoir d'un miracle serait permis. Mais l'ancien joueur du Stade Rennais est loin d’avoir affiché les mêmes rendements dans ses clubs ultérieurs. À Nantes, à Lille, à Bordeaux, il n'a pas obtenu les résultats escomptés. Dans les Côtes d'Armor, c'était autre chose : montée en Ligue 2 en 2011, montée en Ligue 1 en 2013 – année où il est honoré du titre de meilleur entraîneur de Ligue 2 par ses pairs – et victoire en Coupe de France, qui plus est contre le grand voisin rennais, la saison suivante. Gourvennec goûte ainsi à la dimension européenne, une performance répétée quelques années plus tard après une bonne première saison avec les Girondins de Bordeaux. Le Finistérien, alors, fait partie des meilleurs entraîneurs de Ligue 1 aux côtés, notamment, d'un certain Lucien Favre.

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Le nouvel entraîneur du Servette donne ses premières consignes cette semaine, avant le retour européen à Utrecht.

Un intérêt pour les jeunes

« J’ai fait toute ma carrière de joueur et d’entraîneur en France, ce n’était pas forcément un choix », a déroulé le nouveau coach du Servette en conférence de presse. « J'ai eu, parfois, des opportunités, comme joueur ou entraîneur, d’aller à l’étranger, et ça ne s’est jamais fait, pour différentes raisons. Je voulais prioritairement connaître une nouvelle expérience en découvrant un nouveau championnat. J’aime la France, j’aime le championnat français, mais je voulais professionnellement connaître quelque chose de nouveau. L’occasion s’est présentée avec ces échanges avec le Servette. C’est une occasion pour moi de vivre quelque chose de différent dans un club historique aussi, et ça compte. Je suis très heureux de démarrer cette nouvelle aventure », a-t-il révélé. En refusant l'idée d'un terrain conquis : « Je veux rassurer tout le monde : je viens avec beaucoup d’humilité, parce qu’on fait un métier d’humilité, mais également aussi beaucoup de détermination ».

Cette humilité correspond bien à l'un de ses axes de travail, lui-même très apprécié des Genevois : donner leur chance aux jeunes. « C'est un aspect qui m'a toujours plu. En tant qu'entraîneur, c'est aussi notre responsabilité », n'a pas manqué de souligner le Breton, mardi, brossant ainsi son auditoire dans le sens du poil. Un exemple ? Coach de Bordeaux, il a donné sa chance à un certain Aurélien Tchouaméni, 17 ans à l'époque, qu'il a sorti de l'équipe réserve. Il faut dire que quand on a été soi-même formé à Lorient, référence française en matière de jeu, on part avec un atout certain. Jocelyn Gourvennec y est resté plus de dix ans, depuis ses débuts jusqu'aux professionnels, avant d'être recruté par le grand club régional, le Stade Rennais. En Ille-et-Vilaine, il deviendra meilleur joueur de Ligue 2, contribuant activement à la remontée du club en première division. Ses qualités de milieu de terrain offensif axial font mouche, son charisme aussi, puisqu'il récupère le brassard de capitaine au cours de la saison. L'ancrage régional demeure visiblement sa logique de carrière et c'est le club le plus réputé de l'ouest qui fait appel à lui : le FC Nantes, champion de France, coaché par un génie du football, l'immense Jean-Claude Suaudeau.

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Meneur de jeu à Rennes, en juillet 2001.

Un homme de médias, aussi

Il y marquera un but tous les trois matches – solide statistique pour un milieu de terrain – avant de s'émanciper de sa Bretagne natale pour tenter l'aventure sur un autre rivage, celui de la Méditerranée. À l'Olympique de Marseille, il ira chercher une finale de Coupe d'Europe et un titre de vice-champion de France, avant de transiter par Montpellier et Bastia pour finir par revenir en Bretagne où, sa carrière professionnelle terminée, il jouera encore deux saisons chez les amateurs de Rezé. Il met un pied, en parallèle, dans la presse, comme chroniqueur dans un mensuel régional et comme consultant chez Canal+ mais ne tarde pas à embrasser la carrière d'entraîneur. Diplômé en 2010 à l'issue d'un stage au Hertha Berlin de Lucien Favre, il ne tarde pas à être appelé, tropisme régional oblige, par le célèbre président guingampais Noël Le Graët, avec la réussite que l'on connaît.

Depuis sa dernière mission en tant que coach, à Nantes, “Joce”, comme on le surnomme, mûrissait l'idée d'une expérience à l'extérieur des frontières. Songeait à l'Allemagne, qui aurait certainement correspondu à ce souhait d'un « jeu attrayant » dont il a parlé à son arrivée à Genève. Il a même, pour cela, repris l'apprentissage de l'allemand, qu'il avait pratiqué au collège et au lycée et que sa maman, qui a grandi en Allemagne, enseignait en France. « Joueur, déjà, je voulais y aller », éclaire-t-il, ce qui a failli se produire à Greuther Fürth vers la fin de sa carrière. L'hiver dernier, il est passé tout près de signer en Suisse, déjà. Son exil n'était donc qu'une question de temps. À Genève, il se fond pour l'heure dans un staff existant mais on imagine mal un homme de convictions comme lui ne pas chercher à imposer un minimum son style, influencé par les Suaudeau, Denoueix et autre Gourcuff, les maîtres français du beau jeu. Il y a pire pour saliver, à défaut d'attendre des miracles.

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