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Analyse Football

Jonathan Tah, l'éloge de la patience

Lortho

Installé comme une évidence au cœur de la défense du Bayern au Mondial des clubs, le défenseur international a pris son temps pour grimper au sommet de la hiérarchie nationale des arrières centraux. C'est sur cette force tranquille que mise désormais le Rekordmeister.

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Sous ses nouvelles couleurs au Mondial des clubs, le 5 juillet. © IMAGO / Eibner

Les larmes lui sont montées lorsque, en mai dernier, Jonathan Tah a refermé, à l'occasion d'un Bayer-Dortmund, dix ans de bail chez le champion d'Allemagne 2024. Son dernier match à domicile pour le Werkself venait de se terminer. À l'invitation d'un supporter, il allait s'adresser à la tribune, prête à le remercier pour services rendus. Hommage mérité pour d'émouvants adieux. « Un moment vraiment authentique, fort, intense », a-t-il résumé quelques jours plus tard dans l'hebdomadaire der Spiegel. Le défenseur central international, depuis, est parti au Bayern, où il a joué un rôle... central dès la fin du printemps, pleinement engagé dans le onze de départ bavarois au Mondial des clubs. Tah-Upamecano, la charnière centrale en expérimentation aux États-Unis sonne déjà comme une évidence. Jonathan Tah acteur majeur du meilleur club du pays, une forme d'aboutissement. Ou du moins, un point d'orgue, avant de voir la suite.

Car la progression du puissant arrière de la Mannschaft a pris un long chemin. À 19 ans, Jonathan Tah recevait la médaille du meilleur jeune joueur du pays, une belle promesse certes mais pas au point de tout casser. D'aucuns lui reprochaient alors déjà le fait d'être trop gentil, trop lourd, trop flegmatique, trop inconstant. Handicapant pour s'imposer, en particulier en défense centrale. Dix ans plus tard, des bribes de ces reproches demeurent mais Jonathan Tah n'en est pas moins devenu l'un des meilleurs du continent à son poste. Vainqueur de la Coupe et champion d'Allemagne la saison dernière, il s'est installé comme titulaire en équipe nationale, dont la conquête du titre au Mondial 2026 est un objectif clairement identifié. À la charnière de 2024-2025 et 2025-2026, il avait le choix : le Bayern ou le Barça. Il y a pire, comme alternative.

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Le duel, comme ici en 8e de finale du Mondial des clubs contre Flamengo, est l'une des forces de Jonathan Tah.

0-0 fondateur

Désormais, il est attendu comme un patron. « J'ai rarement observé une progression footballistique et mentale comme la sienne dans le football professionnel », loue le directeur sportif de la Mannschaft Rudi Völler, qui voit en lui le meilleur défenseur du championnat national et un joueur de classe mondiale. Par son parcours de dirigeant, Völler est marqué Leverkusen, certes, mais l'éloge n'en a pas moins une certaine portée. Un match, en particulier, a marqué la saison : Bayer-Bayern, le 15 février. Tout au long de ce 0-0, Tah fait la démonstration de toute la panoplie du défenseur moderne. Intraitable dans les duels, impeccable dans la relance, à l'aise tactiquement, dangereux offensivement, il étouffe complètement Jamal Musiala en un contre un jusqu'à la surface de réparation adverse dès le coup d'envoi. La maîtrise est totale, les notes de la presse spécialisée s'emballent.

Ces dispositions ne tombent pas du ciel mais résultent d'un travail méthodique, qui passe par le visionnage du comportement des attaquants adverses ou de références à son poste tel Sergio Ramos ou Virgil van Dijk. Qui prend en compte l'importance de la vision périphérique et de l'anticipation dans le placement, deux aspects qu'il travaille en plus des séances d'entraînement collectives classiques depuis des années. Au Bayer, l'exigence forcenée de Xabi Alonso dans le jeu de passes a forcément accentué ces qualités – Tah est l'un des passeurs les plus sûrs de Bundesliga, y compris verticalement – et on peut imaginer qu'avec Vincent Kompany, lui-même l'un des meilleurs arrières centraux d'Europe il y a quelques saisons avec Manchester City et désormais entraîneur du Bayern, l'échange se poursuive.

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Le défenseur international fait partie des passeurs les plus précis des cinq grands championnats européens.

Un carton jaune tous les neuf matches seulement

Et au-delà du coach principal, avec toutes les personnes permettant de progresser : coach personnel, acupuncteur, psychologue, ostéopathe, coach de yoga, analyste, coach mental. C'est sur l'exploration scientifique de tous ces aspects, y compris en fréquentant assidûment une salle de fitness, bien au-delà du talent originel de tous les récipiendaires de la médaille Fritz-Walter de meilleur jeune du pays, que se fonde la confiance en soi du joueur. Quand, à l'automne 2022, il apprend de la bouche du sélectionneur qu'il ne sera pas du voyage au Qatar pour le Mondial, il confie à ses proches « je serai titulaire à l'Euro en Allemagne » et redouble d'efforts, cherchant l'amélioration du moindre aspect de la performance, telle la façon de respirer. Résultat, il fait partie des meilleurs d'Europe dans les duels, dans le jeu de tête, et ne prend un carton jaune que tous les neuf matches en moyenne.

Sans doute une conséquence de sa bonhomie aussi, qui lui a longtemps été reprochée. Un brave garçon, disait-on. Lui parlerait davantage de discipline, qui prend racine dans son enfance modeste à Hambourg. « Aller faire du shopping ? Ce n'était pas pour nous », raconte-t-il au Spiegel. À 6 ans, c'est lui qui va chercher sa petite sœur à la crèche, puis à l'école. Les détails de son premier contrat au HSV, à 17 ans, fuitent dans la presse, et l'hostilité chargée de jalousie grandit à son égard. « J'avais l'impression de ne plus avoir de vie privée », lâche-t-il avec le recul. Il subit, en outre, la voracité d'un agent douteux pendant des années avant de porter l'affaire devant les tribunaux avec succès. L'année de cette victoire judiciaire, en 2023, est aussi celle de son mariage. Derrière, il disputait la meilleure saison de sa carrière. L'histoire continue désormais au Bayern, où il pensait atterrir l'an dernier et où il vient de signer, libre, un contrat de quatre ans. Où la pression sera plus forte, mais la confiance en soi plus grande que jamais. Son grand objectif ? Remporter la Ligue des champions.

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