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Analyse Football

L'inexorable chevauchée de Sandro Wagner

Lortho

Après un bail réussi comme adjoint du sélectionneur en équipe nationale d'Allemagne, l'ancien avant-centre du Bayern a bondi sur l'opportunité d'une première grande aventure comme entraîneur principal à Augsbourg.

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Sandro Wagner, un jeune entraîneur qui sait motiver ses joueurs. © IMAGO / Laci Perenyi

Comme joueur, déjà, ce grand brun moustachu ne laissait pas indifférent. Grande gueule, un peu fou, un peu talentueux, beaucoup parfois, il imprimait sa marque à sa façon, que ce soit au Bayern, à Hoffenheim ou en équipe nationale. Une âme de leader, une profonde dimension humaine, quoique sans filtre. Des qualités que Sandro Wagner a évidemment continué de cultiver une fois devenu entraîneur, chemin logique pour un garçon de son profil. À Unterhaching, où il a posé en 2021 un pied dans le métier en dirigeant les U19, il fut très vite propulsé coach de l'équipe première, tout juste descendue de 3e division. À l'époque, déjà, il distribuait l'air de rien, de sa voix grave et puissante, ses punchlines en parallèle comme consultant télé.

Wagner, alors, effectuait le grand écart entre le meilleur niveau mondial, qu'il commentait pour les médias, et le morne quotidien des entraînements d'une équipe régionale, forcément moins fluide, sinon moins excitant. L'impétueux jeune coach demandait un jeu à son image, agressif, rythmé, attractif, mais sa troupe n'était pas en mesure de se conformer à ces exigences “Champions League”. Première leçon de pragmatisme. Le bonhomme, toutefois, ne se démonte pas et, à la trêve hivernale, demande à son équipe, embourbée dans l'anonymat d'une 8e place, de gigantesques efforts de mise à niveau physique. Le club de la banlieue de Munich terminera 3e. Un bond fondateur, qui marquera les esprits.

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Avec Unterhaching, la montée en 3e division et l'étincelle de sa carrière d'entraîneur.

Fumigènes à l'entraînement

L'année suivante, Wagner hisse Unterhaching en tête du championnat. Direction les barrages d'accession contre Cottbus, un authentique géant du football allemand. Le patron du club, Manfred Schwabl, raconte la suite au bi-hebdomadaire kicker. « Un jeudi, d'un seul coup, sont apparus au centre d'entraînement un copieux service d'ordre, des fumigènes, des chants de supporters à tue-tête dans les haut-parleurs. » Wagner avait tout mis en place pour que ses jeunes joueurs sachent à quoi s'attendre au moment d'aller jouer le match à l'extérieur dans le bouillant stade d'Allemagne de l'Est. « Là, je me suis dit : ce type est un professionnel, il ne veut rien laisser au hasard. » Une préparation réussie, Unterhaching s'offrant la montée quelques jours plus tard. « Pour devenir un très grand entraîneur, il faut vraisemblablement être un doux dingue », philosophe Schwabl. Wagner, en tout cas, laisse alors une trace indélébile dans ce club de la banlieue munichoise, qu'il quittera dans la foulée non sans l'avoir annoncé au préalable et avoir organisé une gigantesque fête de fin de saison dans son jardin.

La digestion sera de courte durée, le moustachu s'engageant alors aux côtés d'Hannes Wolf auprès de l'équipe nationale U20. Le bail dure... un match avant que le chaos n'éclate à l'échelon supérieur. Nous sommes en septembre 2023, Hansi Flick doit quitter la Mannschaft, Rudi Völler assure l'intérim et appelle à ses côtés Wolf et son adjoint. Sandro Wagner est donc de la partie pour la prestigieuse victoire contre la France (2-1). Comme convenu, Völler cède la place dans la foulée, Nagelsmann prend la suite et Wagner reste. Oubliée la pause qu'il comptait s'octroyer, oublié – dans un premier temps au moins – son désir de s'installer comme entraîneur en chef, l'ancien joueur d'Hoffenheim co-dirige la plus prestigieuse équipe du continent.

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Sous le maillot du Bayern, en 2006.

Excellent relationnel avec les joueurs

« Sandro est incroyablement assidu, structuré, extrêmement bon », juge Julian Nagelsmann. S'il a gardé son authentique culot dans ses déclarations – encore qu'il soit, au fil du temps, devenu moins abrasif –, Wagner jouit surtout d'une excellent relationnel avec les joueurs. À 37 ans, il est, après tout, de la même génération, et anticipe et analyse à merveille ce qu'ils ressentent. Une empathie pas si fréquente chez les entraîneurs et les sélectionneurs, à en croire les joueurs qui évoquent le sujet. Fort d'une expérience de 180 matches et 44 buts en Bundesliga pour le Bayern, Hoffenheim, Darmstadt, le Hertha, Kaiserslautern et Brême, l'ex-attaquant de la Mannschaft est persuadé que sa carrière d'entraîneur sera plus convaincante encore. « J'y prends plus de plaisir », lâche-t-il, conscient aussi qu'il n'a pas forcément toujours fait les bons choix en tant que joueur.

Désormais coach d'un solide club de première division, Wagner va pouvoir déployer ses principes tactiques et humains à pleine échelle, quelque part entre un Roberto de Zerbi, dont il est dit-on un admirateur, et Diego Simeone. L'un pour le jeu de possession, l'autre pour sa capacité à enflammer un stade et transmettre ses principes à sa troupe. Le tout en poursuivant les cours pour la licence pro, qu'il doit terminer en 2026. Champion d'Europe espoir en 2009, Wagner a avoué avoir vécu « une expérience inoubliable » en 2024 sur le banc aux côtés de l'équipe nationale, avec laquelle il entretient une relation charnelle, et l'on aurait pu imaginer qu'il reste auprès du sélectionneur au moins jusqu'au Mondial 2026. Mais le bonhomme, passionné par le football au quotidien, n'a pas daigné refuser les sirènes de la Bundesliga. Ses débuts à la tête d'Augsbourg seront sans nul doute l'une des attractions de l'été qui vient.

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