Le compte est bon - pour le moment
Avec 62 200 spectateurs, les Swiss Indoors 2025 ont été un succès, malgré une avalanche de blessures et d'abandons. Mais la concurrence est rude pour Bâle, et elle se durcit.
Roger Brennwald préfère manier l'humour. "De temps en temps, il faut bien établir des records", a déclaré le patron du tournoi en tirant le bilan de l'édition 2025 dimanche. "Selon ESPN, nous avons établi un record lors de ce tournoi. C'est le premier dans l'histoire du tennis où, sur quatre quarts de finale, trois se sont terminés prématurément", a-t-il rappelé.
La 54e édition des Swiss Indoors a été celle de toutes les blessures. D'abord, les deux joueurs suisses qui avaient tant enthousiasmé à l'US Open, Leandro Riedi et Jérôme Kym, manquaient à l'appel. Ensuite, celui qui devait être tête de série no 3, Holger Rune, s'est rompu le tendon d'Achille en demi-finale à Stockholm. Et au final, non seulement trois quarts de finale, mais aussi la deuxième demi-finale se sont terminés sur l'abandon d'un joueur.
Roger Brennwald attribue l'accumulation frappante de problèmes physiques chez les joueurs à trois facteurs. Les nombreux tournois ("mais c'était déjà le cas avant"), la grande concurrence face à l'énorme densité de performances et les progrès de la technologie. "L'évolution des raquettes, du cordage, des balles et des revêtements est néfaste", explique-t-il. "Les joueurs sont dépassés par la technologie, l'usure est énorme."
Face à cette vulnérabilité, sa stratégie consistant à miser sur un grand nombre de joueurs prend tout son sens. Dix d'entre eux, un nombre jamais atteint auparavant, ont reçu cette année des garanties de participation. Et c'est l'un d'eux, João Fonseca, qui a conquis le titre.
C'est finalement grâce au Brésilien que l'on peut parler d'un tournoi réussi. L'exposition médiatique générée par cette jeune star de 19 ans, à qui l'on prédit un grand avenir, est énorme. Pendant de longues minutes, il a répondu aux questions d'une chaîne de télévision brésilienne après sa victoire en finale.
Roger Brennwald veut continuer à miser à l'avenir sur ces jeunes loups, la "Next Gen", même s'il admet qu'ils n'ont pas encore la fiabilité et la forte personnalité que garantissait autrefois Roger Federer et dont bénéficie désormais le tournoi concurrent de Vienne en la personne de Jannik Sinner.
L'Italien - seul numéro 1 du classement ATP créé en 1973 avec John Newcombe à n'avoir jamais joué à Bâle - est le grand atout de Vienne. Mais il constitue bien sûr aussi un risque majeur s'il devait faire défaut, comme cela avait été le cas l'année dernière.
Roger Brennwald minimise le danger que représente le tournoi de Vienne. Il aimerait bien avoir Jannik Sinner, bien sûr, mais pour le reste, il n'envie rien à la concurrence. Selon lui, un jeune prometteur comme le Français Arthur Fils a par exemple bien plus à offrir au public que le no 3 mondial Alexander Zverev.
Le fait est que l'environnement devient de plus en plus difficile. Les grandes stars se concentrent sur les tournois du Grand Chelem, les Masters 1000, et préfèrent parfois jouer des exhibitions lucratives.
Quand le patron de l'ATP Andrea Gaudenzi déclare presque fièrement lors de la présentation du nouveau Masters 1000 en Arabie Saoudite qu'il veut réduire le nombre de tournois ATP 250, cela montre à quel point le tennis évolue vers les grands événements, tout comme l'allongement à une semaine et demie de nombreux Masters 1000. Les Swiss Indoors font certes partie de la catégorie des ATP 500, mais ils risquent aussi d'être broyés par le grand business du tennis.
Roger Brennwald souligne le tour de force que représente la recherche d'un budget de 18,5 millions de francs pour le plus grand événement sportif annuel de Suisse: "Ce que nous mettons en place ici est presque surnaturel". Il laisse entendre qu'il souhaiterait que les pouvoirs publics soutiennent davantage ces manifestations, surtout en comparaison avec les grands événements uniques.
Mais les spectateurs affluent toujours en masse à la Halle Saint-Jacques, même après la retraite de Roger Federer. Ils étaient 62'200 au cours des neuf jours de compétition. Roger Brennwald se réjouit particulièrement du fait que, malgré les nombreuses défections, de nombreux billets ont encore été vendus et que les matchs du week-end final se sont joués à guichets fermés.
"Je trouve cela sensationnel, cela parle d'une part pour le tournoi, mais d'autre part certainement aussi pour Fonseca, qui a aussi fait bouger les choses", lâche le fondateur des Swiss Indoors qui, même à 79 ans, veut "continuer à tirer la charrette". Et les défis ne manqueront pas.