Le titre, le Bayern et Kompany
Le jeune entraîneur belge s'est affirmé comme l'un des maillons forts du dispositif qui a permis au Bayern Munich de reconquérir le titre de champion d'Allemagne.
C'est ce que l'on appelle un réglage par défaut. Vincent Kompany était, après Xabi Alonso, Ralf Rangnick, Sebastian Hoeness, Oliver Glasner, Unai Emery et Roberto de Zerbi, le 7e choix des dirigeants du Bayern à l'heure d'embaucher un successeur à Thomas Tuchel, l'été dernier. Il n'en est pas moins officiellement, depuis ce dimanche, l'entraîneur qui a permis au Bayern de renouer avec son standard : le titre de champion d'Allemagne. Le Belge, évidemment, n'est pas le seul artisan du succès – la recrue Michael Olise et l'avant-centre anglais Harry Kane, qui remportent eux aussi leur premier grand titre, auront pesé lourd dans cette reconquête. Mais, à quelques nuances près, il sera parvenu à faire l'unanimité autour de lui – dirigeants, joueurs, supporters –, ce qui n'est pas une mince affaire en Bavière.
Jeu attractif, subtil sens de la communication et grosse expérience du plus haut niveau comme joueur sont trois des principaux arguments qui émergent du profil de l'ancien coach de Burnley. Qui ne s'est guère embarrassé de concessions dans les plans offensifs qu'il souhaitait déployer. Avec 93 buts inscrits en 32 journées, le Bayern est même encore en mesure d'aller flirter avec le célèbre record de 101 buts inscrits au cours de la saison 1971-1972, jamais égalé. Il faudrait pour cela “passer” huit buts en deux rencontres, à domicile contre Mönchengladbach et à l'extérieur contre Hoffenheim. Toutes compétitions confondues, il a fait mouche à 132 reprises, ne concédant que deux défaites en Bundesliga.
Le sanctuaire du vestiaire
Son statut de joueur – capitaine de Manchester City, quadruple champion d'Angleterre, 3e de la Coupe du monde 2018 – est sans aucun doute l'un des atouts du Belge auprès de son vestiaire. Kompany a agrégé ses stars derrière lui, redonnant une vigueur surprenante à des placardisés comme Goretzka ou Gnabry et à une âme en peine comme Sané – liste non exhaustive. Dans ce domaine, la comparaison avec son prédécesseur Thomas Tuchel tourne à son avantage de manière flagrante. L'actuel entraîneur du Bayern tient pour sacrée la règle du sanctuaire que constitue son vestiaire, le protégeant partout, en toutes circonstances, ne critiquant jamais un joueur individuellement en public et propageant la culture de compétiteur qui a toujours été la sienne et qui correspond à l'identité bavaroise.
Certes, les revers en Coupe d'Allemagne – élimination en 8e de finale par Leverkusen – et en Ligue des champions – élimination en quart de finale par l'Inter – sont contrariants quand on s'appelle le Bayern. Mais dans les deux cas, malgré la déception, le calme a prévalu. Presque une incongruité quand on connaît l'environnement ébouriffant d'un club scruté en permanence dans ses moindres recoins. Une des explications est l'excellent bilan comptable. Moyenne du nombre de points, buts par match, tirs concédés, buts encaissés, duels gagnés, kilomètres parcourus : dans toutes ces catégories, le bilan de la saison émerge parmi les meilleurs de l'histoire du club.
Passé de scout
Pierre, le père de Vincent, a glissé à l'hebdomadaire Sport Bild, mi-mars, quelques traits de la personnalité de son fils qui éclairent ses succès sportifs et humains du moment. « Il a toujours travaillé dur. A toujours été un leader, engagé sur le plan social et altruiste. Ce sont de grandes forces et ça l'aide dans sa mission d'entraîneur. » Enfant, Vincent faisait partie des scouts, qu'il retrouvait tous les week-ends jusqu'à ce que les contraintes de son emploi du temps de footballeur l'en empêchent. C'est là, estime son père, qu'il a aiguisé ses talents dans la gestion d'un groupe et son sens de la responsabilité collective. On ne sera pas étonné, dès lors, de mesures “sociales” telle que l'obligation de changer régulièrement de place au réfectoire ou celle de rester au centre d'entraînement aussi longtemps que le coach lui-même lorsqu'on arrive en retard.
Le dévouement, l'engagement et la passion de leur jeune entraîneur – Kompany aura 40 ans en avril prochain – a séduit ses patrons, parfois critiques à l'égard du profil humain de ses prédécesseurs. Tuchel cassant ? Nagelsmann en week-end au ski ? Pas de dérapage de ce genre chez le Belge, qui d'une part n'a pas encore eu le temps de sombrer dans une quelconque lassitude et, d'autre part, est toujours flanqué de l'un de ses directeurs sportifs en conférence de presse d'avant-match, ce qui le décharge des questions trop éloignées du terrain. Mais pour eux comme pour leur entraîneur, la mission va se compliquer à l'occasion de la “saison 2” : comment faire mieux sportivement et se hisser enfin à nouveau dans le dernier carré d'une Coupe, qu'elle soit nationale ou continentale ?