Nico Schlotterbeck, le ”Monsieur Plus“ de Dortmund
Le retour du défenseur central international de 25 ans fait l'effet d'un catalyseur dans le onze du Borussia. Non seulement par son attitude de leader mais aussi par la valeur technique ajoutée.
Pour lui, ces mois loin du terrain et des fans ont très certainement été longs. 175 jours, exactement, depuis fin mars et cette alerte au ménisque à l'entraînement. Nico Schlotterbeck a dû n'en savourer que d'autant plus ce moment, à l'issue de la victoire à domicile contre Wolfsburg le 22 septembre (1-0), où il a eu droit à une ovation du mur jaune, seul devant ses coéquipiers. Son retour oblige Niko Kovac – un défi, mais tout sauf une mauvaise nouvelle – à revoir l'équilibre de son équipe. Du moins, à en reconsidérer les lignes de force. Sans “Schlotti”, le BvB était stable, solide, mais l'apport de ce joueur à part dépassant largement le strict cadre de son poste de défenseur central, la dynamique, forcément, change.
« J'ai cravaché pendant six mois pour revivre ces moments », a témoigné l'intéressé dans la foulée du match contre les Loups. « Être fêté de la sorte, c'est un honneur. » Légitime et significatif. Démonstration, s'il en était besoin, de l'importance au moins symbolique du vice-capitaine dans les rangs du BvB. Pourtant, en son absence, les Jaune et Noir n'ont perdu que deux matches sur 19 : contre le Barça et contre le Real. Mais ne pas perdre est une chose, imposer son jeu en est une autre. Et pour ce qui est de faire des différences, Nico Schlotterbeck est un maître. Le premier créateur du Borussia, dans la relance, c'est lui.
La fin du bricolage
Et avant même de penser à la valeur ajoutée, le fait est là : le retour de “Schlotti” donne à son entraîneur, qui en manquait singulièrement avec les absences de Can, de Süle puis de la recrue Anselmino, des options supplémentaires pour composer sa défense centrale. Auparavant, Kovac était contraint d'aligner deux défenseurs latéraux aux côtés de Waldemar Anton. Bricolage payant sur le plan des résultats – à part peut-être le point perdu de manière improbable en toute fin de rencontre à Turin contre la Juventus (4-4) – mais bricolage tout de même. Avec le retour du vice-capitaine, Kovac a pu asseoir une défense non seulement équilibrée – deux axiaux, deux latéraux – mais aussi percutante, comme en témoigne l'apport féroce de Daniel Svensson à gauche et de Yan Couto à droite. Avec le confort de disposer en réserve de Rami Bensebaini et Julian Ryerson, autant de titulaires en puissance.
Sur le long terme, et déjà d'ici la trêve, la donne offre ainsi plus de perspectives à l'entraîneur croate, qui peut faire tourner, limiter les risques d'une nouvelle absence et aiguiser la concurrence sans perdre en qualité. Fort d'un statut de meilleur défenseur central d'Allemagne que Kovac ne contredira certainement pas, Schlotterbeck, lui, est assuré d'avoir sa place. Qui offre aux Schwarzgelben une qualité de relance unique. De sa patte gauche, l'ancien joueur de Fribourg allonge vers l'avant avec une précision diabolique, permettant au Borussia d'alterner jeu court et jeu long pour mieux surprendre l'adversaire et le mettre en difficulté quelle que soit son attitude défensive.
Les sirènes bavaroises
L'équipe d'en face joue haut ? Schlotterbeck allonge par dessus la défense pour trouver dans la profondeur des coéquipiers rapides tels Maximilian Beier ou Karim Adeyemi. Ce qui peut s'avérer utile contre le Bayern dans le Klassiker qui vient. « Si tu joues court en permanence, l'adversaire s'adapte », croit savoir Kovac. « Je me réjouis que nous puissions jouer long de nouveau. » Depuis le retour du chef de la défense, le Borussia n'a encaissé qu'un but en championnat, contre Leipzig (1-1), le 4 octobre. Les rumeurs d'un départ de “Schlotti” au Bayern, qui commencent à gonfler, ne sont guère pour plaire aux dirigeants du BvB, même si ceux-ci sont conscients que leur joueur est promis, à terme, à un avenir plus prestigieux. Sous contrat jusqu'en 2027, l'international allemand pourra légitimement réclamer une hausse salariale, qui lui est déjà promise, à l'occasion des discussions sur sa prolongation. À moins qu'il ne cède sans attendre aux avances d'un Bayern qui, lui-même soumis à la fin de contrat de Dayot Upamecano l'an prochain, ne fait guère mystère de son intérêt.