Noè Ponti dans la cour des très grands
Non, Noè Ponti n'est pas "simplement" un spécialiste du petit bassin.
Le Tessinois a enfin confirmé son inattendue médaille de bronze décrochée lors des JO de Tokyo 2021 en décrochant deux médailles d'argent dans les Mondiaux en grand bassin de Singapour.
La frustration qui était la sienne lundi après la finale du 50 m papillon, dans laquelle il avait été battu à la touche pour 0''03 par Maxime Grousset malgré un nouveau record national (22''51), en disait long sur son envie de très bien faire. Samedi sur 100 m papillon, Noè Ponti a frappé encore plus fort en passant pour la première fois sous les 50 secondes (49''83).
"Deux médailles d'argent, deux records de Suisse et un premier chrono sous les 50 secondes: c'est vraiment génial", a-t-il lâché. "Je savais que c'était possible (réd: de nager le 100 m papillon en moins de 50''). Mais j'ai préféré ne pas en parler avant à l'interview. J'y suis maintenant parvenu, et c'est un super sentiment", a-t-il poursuivi.
Bien sûr, les esprits chagrins ne manqueront pas de rappeler que le talentueux Tessinois doit se contenter de deux médailles d'argent alors qu'il avait survolé les débats dans les Mondiaux en petit bassin en décembre dernier (trois titres, avec deux records du monde à la clé). Et que les superstars du papillon Caeleb Dressel et Kristof Milak n'étaient pas de la partie à Singapour.
N'empêche que Noè Ponti a fait son entrée dans la cour des très grands samedi à Singapour. Son précédent record de Suisse sur 100 m papillon (50''16, en avril 2024) n'était "que" le 22e temps de l'histoire. Les 49''83 réussis samedi constituent le 8e meilleur chrono de tous les temps et font de lui le 5e nageur le plus rapide dans cette épreuve.
Seuls le recordman du monde Caeleb Dressel (49''45 aux JO 2021), le nouveau recordman d'Europe Maxime Grousset (49''63 en finale à Singapour samedi), le champion olympique 2024 Kristof Milak (49''68) et la légende Michael Phelps (49''82 pour se parer d'or aux Mondiaux 2009, à l'époque des combinaisons en polyuréthane) ont déjà nagé plus vite que Noè Ponti.
Samedi (et lundi dernier), le Tessinois de 24 ans a aussi démontré sa capacité nouvelle à sortir le grand jeu le jour J, en grand bassin également. Il y a quasiment un an jour pour jour, le 4 août 2024, il n'avait ainsi pas pu faire mieux que 50''55 en finale des JO de Paris, soit 0''39 de plus que son record de Suisse établi quatre mois plus tôt lors des championnats de Suisse.
Le natif de Locarno avait spontanément "accusé" le 200 m papillon - dont il avait pris la 5e place aux JO 2024 quatre jours avant la finale du 100 m - pour expliquer ce 4e rang. S'il avait refusé de parler d'échec devant la presse à Paris, il a depuis tout entrepris sous la férule de son coach Massimo Meloni pour ne pas revivre une telle désillusion.
Et en renonçant au 200 m papillon durant cette année post-olympique, Noè Ponti a sans doute pris la plus sage des décisions. Tout en se mettant encore plus sous pression: il n'avait dès lors plus vraiment le "droit" de se rater sur 100 pap', sa discipline de prédilection qui lui a également valu une médaille d'argent européenne en grand bassin en 2022.
Ses performances de Singapour - où il est aussi devenu le no 5 de l'histoire sur 50 m papillon - ont balayé tous les doutes. Les Européens de Paris 2026 et les Mondiaux 2027 de Budapest lui permettront d'étoffer encore son palmarès. Mais ils constitueront surtout des étapes avant les JO de Los Angeles 2028, où le 50 m papillon figurera pour la première fois au programme olympique.