Paderborn, l'usine à cadres
Deuxième de Bundesliga 2 à deux points de Schalke, le SCP fait partie des sérieux candidats à la montée à l'échelon supérieur, qu'il a déjà fréquenté en 2014 et 2019. Sa recette : la qualité unique de son encadrement au fil du temps, dont l'entraîneur actuel, Ralf Kettemann, constitue le dernier prodige en date.
Au milieu des poids lourds du football allemand qui peuplent, cette saison, la 2e division – Schalke, Nuremberg, Hanovre, Kaiserslautern, le Hertha Berlin, Karlsruhe, Kiel, Düsseldorf, Bochum, Darmstadt et on en passe –, la belle réussite du SC Paderborn, 2e à 2 points de Schalke, pourrait passer pour une surprise. C'est que se cache, derrière cette santé sportive, une impressionnante continuité dans le savoir-faire au niveau de l'encadrement. Le club du nord de l'Allemagne affiche depuis des années une interminable liste de cadres, entraîneurs comme directeurs sportifs, pleinement reconnus en Bundesliga après leur passage au SCP. Et Ralf Kettemann, l'entraîneur actuel, semble devoir suivre avec assiduité la voie tracée par ses aînés.
Ancien milieu de terrain de bon niveau – il a notamment fréquenté la réserve de Greuther Fürth, les Kickers de Stuttgart et le VfR Aalen, en 3e division –, Kettemann propose à ses poulains un jeu précis et ambitieux qui fait naturellement grandir les rêves d'une accession en Bundesliga, qui serait la 3e de l'histoire du club. Ce sont deux pointures, André Breitenreiter, en 2014, et Steffen Baumgart, en 2019, qui ont permis jusqu'ici au SCP de se hisser au plus haut niveau du football national. À Paderborn, pour les coaches, le miracle est permanent : chacun de ceux qui y réussissent sont promis, dans la foulée, à une carrière de premier plan en Bundesliga. Et mieux encore, le club, inlassablement, en génère dès lors un nouveau.
Roger Schmidt et Lukas Kwasniok en pleine lumière
Les entraîneurs révélés au SCP sont légion. Outre Breitenreiter et Baumgart, on peut citer Roger Schmidt et Lukas Kwasniok, qui fait des étincelles désormais au FC Cologne. Mais aussi des managers de très haut niveau, tels Markus Krösche, actuellement à Francfort, ou Fabian Wohlgemuth, à Stuttgart. Quant à Benjamin Weber, ancien adjoint vidéo de Thomas Tuchel, arrivé à Paderborn comme directeur sportif, il a filé à Augsbourg depuis, non sans avoir organisé la venue au SCP de Ralf Kettemann, l'attraction du moment. Ce dernier a commencé son parcours d'entraîneur à... 24 ans, au TSV Ilshofen, un petit club du sud-ouest du pays, alors qu'il était encore joueur. Il l'a fait monter de deux divisions.
Un temps entraîneur-adjoint de la réserve d'Hoffenheim, Kettemann a ensuite dirigé l'équipe première des jeunes de Karlsruhe, où son football plein de panache, fait d'intensité et de pressing, a fait grand bruit bien au-delà de la ville rhénane. Et lui a permis de franchir directement le pas pour accéder à un club de 2e division – une rareté même si Hannes Wolf, des U19 de Dortmund à Stuttgart, ou Marcel Rapp, des U19 d'Hoffenheim à Kiel, en ont fait de même. Un peu surpris du coup de fil de Paderborn, qui anticipait, fin 2024, le départ de Kwasniok vers Cologne, Kettemann n'en avait pas moins confiance en l'énergie positive qu'il dégage.
Une énergie venue des tripes
Une énergie qui, telle qu'il la décrit, vient des tripes. Avec le départ, à l'intersaison, de trois des principaux buteurs du SCP – notamment Ilyas Ansah, qui fait les beaux jours d'Union Berlin depuis –, Kettemann avait beaucoup à reconstruire à son arrivée. La période de tâtonnement passée, son équipe a enchaîné huit victoires consécutives – une performance inédite dans l'histoire du club – avant de s'incliner à Schalke, le week-end dernier (1-2), qui lui a chipé la place de leader par la même occasion. Paderborn a beau avoir l'équipe la plus jeune de la division et le 7e rang en valeur d'effectif seulement, il lutte bel et bien pour la montée en Bundesliga. Si des individualités émergent, c'est surtout, dans la vision du coach de 39 ans, le collectif qui prime. « Les garçons n'abandonnent jamais, ils croient en eux », savoure Kettemann.
Qui va avoir l'occasion de tester la solidité de ces principes dès ce week-end : le SCP reçoit en effet Elversberg, son poursuivant immédiat au classement, samedi 6. Ce mois-ci, le coach termine en parallèle ses études fédérales pour l'obtention de la licence pro, le diplôme le plus élevé pour un entraîneur en Allemagne, en même temps qu'un certain Sandro Wagner, qu'Heiko Werstermann, l'adjoint d'Hansi Flick au FC Barcelone, ou encore que Vincent Wagner, qui dirige actuellement... Elversberg, le prochain adversaire de Paderborn. L'occasion de se situer définitivement dans la riche constellation des jeunes techniciens allemands.