Pourquoi Luis Diaz convient au Bayern
Des dirigeants aux supporters en passant par les joueurs, l'enthousiasme autour de la recrue colombienne du Rekordmeister est général et s'appuie sur quelques solides arguments.
On l'a vu, à l'occasion de sa première, contre l'Olympique Lyonnais samedi dernier à l'Allianz Arena (2-1), essayer et essayer encore. Intenable dans son couloir gauche, Luis Diaz s'est présenté à plusieurs reprises devant le portier rhodanien, sans parvenir cependant à le prendre en défaut. Mais l'activité de la recrue bavaroise n'a pu qu'être remarquée, même par un spectateur en dilettante : au fil du résumé du match, on ne voyait que lui. Si c'est Michael Olise qui, comme souvent la saison passée, s'est chargé d'être décisif – le Français a inscrit un doublé –, les dirigeants bavarois auront sans nul doute enregistré avec plaisir l'état d'esprit combatif de la recrue phare de l'été du Bayern. En faisant venir l'international colombien de Liverpool pour 4 ans et 70 millions de francs suisses, le Rekordmeister consolide, certes à prix fort, un secteur offensif bousculé par le départ de Leroy Sané et la blessure pour plusieurs mois de Jamal Musiala.
Luis Diaz est le troisième Colombien dans l'histoire du Bayern après James Rodrigues (2017-2019) et Adolfo Valencia (1993-1994). Les deux prédécesseurs de l'ailier gauche en provenance de la Mersey se sont exprimés ces derniers jours sur son arrivée. « Je crois que “Lucho” a pris la bonne décision et que le Bayern a enrôlé un joueur fantastique, spectaculaire, qui est fait pour les grandes équipes. Le Bayern en est une, et il va grandement aider les Bavarois », estime le premier cité. « Bien sûr qu'il vaut la somme investie », abonde le second. « C'est un joueur plein d'expérience, qui évolue en Europe depuis 2019. À Liverpool, il a eu du succès et il a livré de très bonnes prestations. Le Bayern est un club qui se trompe rarement sur les gros transferts, et il va beaucoup apporter au club. C'est un joueur incroyablement rapide et doté d'une intelligence de jeu. Il est “focus” et sans fioritures, mais il est aussi capable de dribbler. C'est un joueur efficace. Une machine. D'autant qu'au Bayern, il va profiter de partenaires de haut niveau. J'espère qu'il va frapper fort et représenter la Colombie aussi bien qu'il l'a fait avec Liverpool. »
« Précieux pour le collectif »
Spécialiste de la Premier League notamment pour RFI, notre confrère Bruno Constant confirme, avec un petit bémol : « J’aime beaucoup le profil de Luis Diaz. Un joueur qui déborde d’énergie. Polyvalent. Travailleur. Il manque parfois d’efficacité mais il est précieux pour le collectif et souvent bon dans les gros matches. » L'enthousiasme général a instantanément ruisselé sur les supporters, qui se sont massés autour de la star dès le premier entraînement des Bavarois et qui ont rugi de plaisir dès l'échauffement en amont du coup d'envoi à l'Allianz Arena face à Lyon. Un appétit bien compréhensible, d'autant plus enjoué que les dirigeants eux-mêmes, comme les nouveaux partenaires du Colombien, ont l'eau à la bouche. « Il a fait un boulot formidable », a par exemple jugé Harry Kane à l'issue du match contre l'OL. « Il s'est extrêmement bien intégré », lui a fait écho le directeur sportif Christoph Freund, qui ne cache pas sa satisfaction que Luis Diaz se soit créé « rapidement deux ou trois grosses occasions ».
Plus intéressant au regard du style prôné par l'entraîneur Vincent Kompany, le Colombien met « une intensité certaine » dans son jeu, a jugé Joshua Kimmich à l'issue du match. « Il vient à l'entraînement avec joie, il se fait plaisir en jouant au football, et c'est exactement ce dont nous avons besoin : des joueurs qui ne rechignent pas, même quand c'est dur », souligne le vice-capitaine. À la réflexion, le profil de Luis Diaz apporte peut-être même plus encore : une solution cruciforme dans le secteur offensif. Successeur de Leroy Sané ? C'est acté. Doublure de Harry Kane ? Il en est capable. Suppléant de Jamal Musiala dans un rôle plus axial ? C'est dans ses attributions. De Kingsley Coman, régulièrement soumis à des blessures musculaires ? Le Colombien est résistant et rarement blessé. De quoi enterrer pas mal de débats...
Trop frêle enfant
Luis Diaz était le joueur souhaité en priorité par les dirigeants bavarois. Liverpool avait décliné une première offre aux alentours de 65 millions de francs suisses mais le Bayern ne s'est pas découragé car il tenait à un profil capable d'assumer, comme le Colombien, de jouer tous les trois jours en soutenant l'intensité demandée par le système de Vincent Kompany sans risquer de se blesser outre mesure. Amusant quand on sait qu'enfant, l'ancien joueur de Barranquilla a eu besoin de compléments alimentaires pour réussir ensuite le saut chez les professionnels. En deux ans à Porto, “Lucho” a disputé plus de 100 matches avant de réussir sans coup férir la transition vers la Premier League, où il a terminé sa première saison invaincu. Et même lorsque les Reds ont recruté Darwin Nunez et Cody Gakpo pour des sommes gigantesques, Diaz a conservé sa place. « Un joueur incroyable », susurrait alors son coach Jürgen Klopp. « Je n'ai encore jamais entraîné un gars comme lui, dont tout le monde peut voir l'amour pour le football et qui ne perd jamais son sourire à l'entraînement. »
Preuve de sa résilience, le Sud-Américain a surmonté, il y a deux ans, le kidnapping de ses parents par la guérilla colombienne. Il n'a manqué qu'un match et a inscrit un but dès son retour en Angleterre après cet épisode forcément troublant et alors que son père, auquel son t-shirt sous le maillot rendait hommage, était toujours en otage. La saison suivante, il réalisait le meilleur exercice de sa carrière avec 17 buts et 8 passes décisives en 50 matches sous la direction d'Arne Slot – certes loin des statistiques de Mo Salah sur l'autre aile. L'arrivée de Florian Wirtz sur les bords de la Mersey aura certainement influencé son choix de filer en Bavière cet été et le Bayern, du moins pour le moment, ne semble pas prêt à s'en plaindre.