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Analyse Football

RB Leipzig, le retour sur terre

Lortho

7e à l'orée de l'ultime journée de Bundesliga, le RB Leipzig ne peut plus mathématiquement prétendre à une qualification pour la prochaine Ligue des champions. Un sérieux coup d'arrêt dans sa progression mais une déception dont les causes sont multiples.

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Le Néerlandais Xavi Simons, symbole de la frustration du RB Leipzig. © IMAGO / RHR-Foto

Le manque de tauliers, de leaders et de hiérarchie

Joshua Kimmich au Bayern, Granit Xhaka au Bayer, Arthur Theate à Francfort, Vincenzo Grifo à Fribourg... Dans tous les clubs de pointe du championnat, un ou plusieurs leaders rayonnent sur le collectif, attirent les projecteurs ou servent de paratonnerre selon le contexte du moment. Et à Leipzig ? Cette saison, tauliers, leaders et hiérarchie sont en souffrance, voire fantomatiques, voire inexistants. Pas de caractère fort à la Robert Andrich ou autre Thomas Müller. Beaucoup de “gentils”, au caractère trop lisse pour secouer le groupe quand le besoin s'en fait sentir. Résultat, une ribambelle de points perdus contre des équipes de niveau inférieur. La direction sportive en a conscience mais, jusqu'ici, n'a pas su y remédier. L'objectif officiel, se qualifier pour la prochaine Ligue des champions, manquait peut-être aussi de substance : est-ce un défi suffisamment sexy pour motiver jusqu'aux dents des professionnels qui s'identifient souvent assez peu à l'institution ? Le comportement de certains, en particulier Xavi Simons une fois revenu de sa longue blessure de la première partie de saison, a posé question. Le petit prodige néerlandais a semblé oublier les fondamentaux du succès dans un sport collectif, négligeant ici ou là le travail défensif, cherchant à faire la différence dans son coin, faisant preuve d'un investissement erratique. Indigne d'un leader technique de son calibre. Autour de lui, le niveau fut souvent trop moyen et de nombreux profils manquent de potentiel d'évolution, un comble dans la galaxie Red Bull. Quant aux quatre grands anciens – Willi Orban, Kevin Kampl, Yussuf Poulsen et Peter Gulacsi –, leur influence positive, à l'exception peut-être du portier hongrois, diminue sensiblement.

Un groupe trop restreint plombé par les blessures

La stratégie était assumée : RB a réduit la taille de son groupe de joueurs. Un vrai risque lorsque l'on prétend jouer sur trois tableaux (championnat, Coupe d'Allemagne, Ligue des champions) et erreur fatale cette saison, vue la cascade de blessures qu'a eue à affronter le club. L'ex-entraîneur Marco Rose, d'ailleurs, n'a pas manqué de se retrancher derrière cette excuse, en partie légitime. Le départ de Dani Olmo, les absences de Xavi Simons et de Xaver Schlager, au premier chef, mais aussi de David Raum, d'Antonio Nusa et de quelques autres ont pesé lourd dans les performances. Aucun des quatre joueurs cités encore présents n'a retrouvé, une fois revenu de blessure, la totalité de ses moyens et de son influence. Et un Lois Openda, si véloce la saison passée, a perdu une bonne partie de sa moelle, inscrivant moitié moins de buts qu'au cours de l'exercice précédent. À l'heure d'écrire ces lignes, l'attaque de Roten Bullen a inscrit pratiquement moitié moins de buts que celle du nouveau champion, le FC Bayern ! Mais la défense a souffert aussi par sa lenteur et son manque de rigueur organisationnelle.

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La déception des joueurs après le 0-0 à Brême, le 10 mai.

La perte de l'identité de jeu

Où est passé le jeu pétillant, tranchant, saignant, rythmé, intense auquel Red Bull a habitué ses supporters et pour lequel il a gagné une forme de respect à mesure des quinze dernières années ? La première mi-temps fabuleuse contre le Bayern (2-0 à la pause), le 3 mai, en fut l'une des trop rares réminiscences. Le pressing et le jeu de transition fulgurant qui ont fait la marque de RB se sont dilués. Le jeu vertical s'est disloqué au profit d'un ronronnement horizontal bien peu en adéquation avec les standards maison, accompagné d'un pressing inconstant et partiel. La responsabilité de l'ex-entraîneur Marco Rose, en sursis dès l'été dernier et pourtant prolongé, est ici engagée, le profil des joueurs peut-être aussi. Rose, né à Leipzig et qui a bénéficié d'une clémence étendue en raison de son parcours chez Red Bull – il avait coaché Salzbourg de 2017 à 2019 –, s'est également vu adresser le reproche d'être sourd aux suggestions et aux conseils alors que le jeu perdait en dynamisme. D'être parfois trop critique aussi, alors que Red Bull réclame une loyauté ostentatoire à ses hommes. Son départ, tandis que la qualification pour la prochaine C1 devenait plus hypothétique, fut dès lors inexorable, bien que retardé. Mais depuis, son successeur Zsolt Löw, proche de Jürgen Klopp, n'a guère fait mieux... et le public, moins présent que jamais (95% de remplissage du stade seulement) bougonne, ne reconnaissant pas son équipe qui, par ailleurs, tâtonne entre différents systèmes de jeu – défense à trois ou à quatre, pointe à un ou à deux, milieu défensif à un, à deux ou à trois –, meilleure façon pour les joueurs d'être eux-mêmes perdus sur le terrain.

Les errements de l'équipe dirigeante

En une petite décennie, le RB Leipzig a usé six entraîneurs (Ralph Hasenhüttl, Ralf Rangnick, Julian Nagelsmann, Jesse Marsch, Domenico Tedesco et Marco Rose) et autant de managers (Ralf Rangnick, Markus Krösche, Oliver Mintzlaff, Max Eberl, Rouwen Schröder, Marcel Schäfer) qui ont, chacun, apporté des philosophies parfois très divergentes et sédimenté un groupe de plus en plus hétéroclite. Des opportunités de départ lucratives ont été manquées – le défenseur international allemand Lukas Klostermann, par exemple – et certains contrats prolongés à prix d'or, qui réduisent la marge de manœuvre en matière de transferts. Quand le patron Oliver Mintzlaff a formulé, l'automne dernier, l'ambition d'aller lutter pour le titre, le discours est apparu en décalage avec la réalité du terrain – manque d'efficacité dans les deux surfaces, faiblesses dans le jeu aérien, inconsistance dans la construction du jeu. Arrivé tardivement à la tête du secteur sportif, Marcel Schäfer n'a eu qu'une influence limitée jusqu'ici. À l'inverse de Nusa, principale réussite, des recrues comme Geertruida ou Elmas n'ont guère apporté de valeur ajoutée. Jürgen Klopp saura-t-il redresser la barre ?

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