Suisse vs Allemagne : L’heure des comptes pour Yann Sommer ?
Après quasiment dix saisons en Bundesliga, s’il y a bien un joueur de la Nati qui connait parfaitement le Deutsche Bank Park de Francfort ou les joueurs de Nagelsmann c’est bien lui. Le gardien N°1 de l’équipe de Suisse retourne sur les terres qui ont fait de lui l’un des gardiens les plus respectés du football mondial, avec probablement un fort sentiment de revanche.
Recordman du nombre de matchs consécutifs joués en Bundesliga pour les Fohlen (253), recordman du nombre d’arrêts en un seul match de Bundesliga (19 face au Bayern de Nagelsmann en 2022), joueur Suisse ayant disputé le plus de matchs en Bundesliga (291), il n’y a pas que chez nous que Yann Sommer est un monument. Nos voisins connaissent parfaitement le natif de Morges et lui ont presque toujours voué un respect à la hauteur de son nombre de matchs disputés. "Presque" ? Oui car au cours de sa dernière saison en Allemagne, Yann Sommer a été la cible d’une campagne de dénigrement déplacée et injustifiée lorsqu’il évoluait sous les couleurs du Bayern.
Lui qui déclarait au sujet de ce retour en terres connues pour l'Euro dans une interview exclusive donnée à Sky Sport il y a deux mois « J'ai joué de nombreuses années en Allemagne, je connais beaucoup de gens, ça va être cool ! » semble n’avoir gardé que le meilleur de ses 10 années là-bas. Mais lorsque l’on est ciblé aussi méthodiquement par des attaques médiatiques cela ne laisse forcément pas insensible, il n’y a qu’à voir comment Thomas Tuchel a terminé lessivé par ses 18 mois chez le Rekordmeister marquées par des échanges musclés avec de célèbres consultants (notamment Lothar Matthäus).
Pour Yann, les attaques sont plutôt venues de l’autre consultant star de Sky : Didi Hamann, mais aussi de l’ancien gardien de la Nationalmannschaft Roman Weidenfeller qui avait été jusqu’à pointer du doigt sa "petite" taille, sans oublier la déclaration de Sepp Maier « Aujourd'hui encore, je ne comprends pas pourquoi ils l'ont engagé. Ils auraient dû m’écouter et s'épargner cette dépense d’argent ». Personne ne sort totalement indemne d’attaques personnelles injustifiées et nul doute que ce soir, Yann Sommer aura à cœur plus que quiconque sur le terrain de se rappeler au bon souvenir de ceux qui lui ont tant manqué de respect.
Yann Sommer vs Manuel Neuer - un match dans le match
Si tant de critiques se sont abattues sur le gardien Suisse, c’est aussi parce qu’il représentait un danger pour un gardien que tout le monde adule en Allemagne et pas seulement les fans mais aussi et surtout les relais médiatiques. Bien sûr, la carrière de Manuel Neuer est quasiment inégalable et Yann Sommer a d’ailleurs cité de nombreuses fois l’Allemand comme le meilleur gardien du monde par le passé. Il n’empêche que ce soir, le Suisse aura une occasion en or de prendre une petite revanche personnelle face à un gardien qui n’a rien fait pour aider à son acclimatation dans la capitale de la Bavière. C’est peu dire que la relation entre les deux joueurs a été fraîche durant le court séjour de Yann Sommer à Munich, un manque de considération troublant quand on pense que le gardien de la Nationalmannschaft était le capitaine du Bayern, et qu’à cet égard il aurait semblé naturel d’essayer de mettre son remplaçant dans les meilleures dispositions.
La saison écoulée à déjà en soi dû représenter une première petite revanche : voir Yann Sommer couvert d’éloges de l’autre côté des Alpes par tous les spécialistes italiens pendant que le Bayern a réalisé la pire saison depuis plus d’une décennie couronnée par une erreur grossière et fatale de Manuel Neuer face au Real en demi-finale retour de Champions League.
Une erreur qui n’a d’ailleurs déclenché aucune critique dans les médias Allemands, ou du moins aucune comparable à celles que le gardien Suisse avait dû essuyer lorsque Rodri avait nettoyé sa lucarne d’une frappe surpuissante un an plus tôt à l'Etihad Stadium.
Se mesurer à l'une des meilleures nations de football
Yann Sommer ne semble pas du genre rancunier, ni même individualiste, la seule chose qui doit compter pour lui comme pour ses coéquipiers aujourd’hui : assurer une qualification de la Suisse pour la phase à élimination directe pour la 6e fois consécutive (dont cinq avec Yann Sommer dans les buts). L’enjeu est de taille : éviter un 8e de finale probable face à l’Italie, l’Espagne ou le Portugal. En cas de victoire ce soir, la Suisse rencontrerait le 2e du groupe C (actuellement le Danemark) ce qui donnerait surement plus de chances de prolonger d’au moins quelques jours l’Euro de la Nati.
Il y a deux mois déjà, Yann Sommer avait coché ce rendez-vous dans son calendrier, il nous avait notamment déclaré « Ce sera l'occasion de se mesurer à l'une des meilleures nations de football à mes yeux. Les Allemands ont d'énormes qualités en termes de joueurs et on va aussi très bien se préparer pour ce match à Francfort contre l'Allemagne ».
Mais si notre gardien avait la bonne idée, d’allier l’utile (1ere place du groupe) à l’agréable (rappeler à ses détracteurs de l’autre côté de la frontière quel grand gardien il est) ce ne serait pas pour nous déplaire…
