Tom Bischof, une star en devenir
Il a 19 ans et passe, en Allemagne, pour le plus gros talent de sa classe d'âge. S'il brille déjà avec le TSG Hoffenheim, où il dispute sa 14e saison et où il vient d'inscrire ses premiers buts en Bundesliga, Tom Bischof n'est pas encore fermement fixé à un poste. La preuve d'un potentiel encore inexploré... et surveillé de très près par un certain FC Bayern, qui rêve, 7 ans après, de refaire le coup de Goretzka, récupéré libre à Bochum en 2018.
L'étiquette médiatique serait aisée à coller : le nouveau Toni Kroos. À 19 ans, Tom Bischof, créatif milieu de terrain du TSG Hoffenheim depuis plus d'une décennie, n'est encore qu'un adolescent mais, déjà, les perspectives les plus ambitieuses lui sont prêtées. « Je suis devenu plus adulte », a affirmé le jeune prodige aux médias de son club cet automne. Sa saison pleine et son statut de titulaire indiscutable en sont l'illustration. Son poste, qui navigue entre n°6 et n°10 plus ou moins axial, nécessite de la maturité, à l'instar de celle de son aîné du Bayern Aleksandar Pavlovic. Est-il temps pour Bischof, déjà, de s'envoler vers un club d'envergure ?
Auteur cette saison de ses deux premiers buts en Bundesliga, le n°7 du TSG a sauvé le point du nul, le 8 décembre, contre Fribourg, et a participé à la prestigieuse victoire de son club, deux semaines plus tôt contre le RB Leipzig (4-3) d'un coup de patte gauche génial, sur coup franc, avec l'aide de l'intérieur du poteau. Simple échantillon du bagage grâce auquel il vient de remporter la médaille d'or Fritz Walter du meilleur joueur de moins de 19 ans du pays. « C'est l'un des plus gros talents dont nous disposons », avait soufflé son entraîneur, Sebastian Hoeness, en 2022, qui en avait fait le plus jeune joueur de l'histoire du club en Bundesliga en le lançant à 16 ans et 263 jours.
Un possible prêt façon Gnabry
Peut-il récupérer son ancien joueur l'été prochain à Stuttgart ? Le club souabe s'est montré intéressé mais l'Eintracht, Leipzig et surtout le Bayern aussi. Comme ils l'ont fait naguère avec Serge Gnabry, les Bavarois pourraient, s'ils le récupèrent, le prêter aussitôt à son club actuel dans la foulée afin de le laisser s'aguerrir. Dans quel costume ? Attaquant dans sa jeunesse – comme son grand-père –, Bischof a reculé depuis – comme son père. C'est Pellegrino Matarazzo, entraîneur du TSG jusqu'en novembre, qui l'a installé un cran en dessous des milieux offensifs, poste auquel il a été formé. C'est à la 4e journée de l'exercice en cours que le jeune Kraichgauer a évolué comme titulaire en n°6 pour la première fois de sa carrière. Il s'y est installé, depuis, et ce avec une aisance déconcertante, qui s'explique notamment par la vision périphérique développée au contact d'outils modernes au cours de sa formation, mais aussi par sa capacité à lire le jeu et anticiper les options adverses pour gratter des ballons. Panoplie à laquelle il faut ajouter ses progrès dans les efforts de récupération dans les pieds des opposants.
À ces qualités techniques et ces progrès physiques s'ajoute sa prise de conscience de l'importance du travail mental, qu'il négligeait plus jeune et auquel l'a sensibilisé son propre père. Très professionnel dans son organisation personnelle au quotidien, Bischof s'inspire aussi des cadres du TSG, le gardien international Oliver Baumann et la star croate Andrej Kramaric. « Oli est une figure paternelle, pour moi », insiste l'adolescent, cité par le bi-hebdomadaire kicker. « Avec lui, je parle de tout. Il me donne des conseils extrêmement utiles, et pas seulement en football, et je crois que ça lui plaît parce qu'il sent que j'ai encore largement matière à progresser. » Kramaric, lui, apprécie évidemment les attributs techniques de son talentueux cadet. « Il me dit ce qui va et ce qui ne va pas, et ça aiguise ma confiance en moi », indique Bischof.
Éloge de la patience
De fait, ses coéquipiers s'appuient de plus en plus sur lui dans le jeu, conscients de sa fiabilité et de sa capacité à analyser les situations. Le jeune homme a accepté, quant à lui, que sa progression fulgurante jusqu'à l'accession à 16 ans à l'équipe professionnelle soit désormais plus lente. Il assure avoir beaucoup appris de ce palier vers le statut de titulaire. Dans la perspective, désormais improbable, d'une prolongation de ce contrat qui se termine à l'été 2025, les récentes turbulences à la tête du club et l'arrivée, notamment, d'une nouvelle direction sportive autour de l'entraîneur autrichien Christian Ilzer obligent les deux parties à temporiser. La famille du joueur attend de voir comment le club, actuellement 14e, peut rebondir. Le TSG, lui, n'a pas su se montrer suffisamment persuasif, jusque là, dans ses propositions d'avenir. « Je ne me prends absolument pas la tête avec ma situation contractuelle », assure la pépite locale. « Mon agent et mes parents s'en occupent. Je me concentre totalement sur le football. » Tom Bischof, toujours à la recherche de l'équilibre.