Un Bellingham en cachait un autre
Deux ans après la profonde empreinte laissée en trois saisons à Dortmund par son frère aîné Jude, Jobe Bellingham a fait ses débuts avec les Schwarzgelben, mardi 17 juin, à l'occasion du premier match du BvB dans le Mondial des clubs.
L'histoire entre les Bellingham et le Borussia Dortmund est cousue de fil jaune et noir. Bien qu'il ne se soit engagé avec le club de la Ruhr que cet été, Jobe, le petit frère de Jude, portait déjà le célèbre maillot bicolore dans les archives des agences photos. Et pour cause : l'adolescent, 19 ans désormais, était physiquement présent à la signature de son aîné au BvB, en 2020, en compagnie des parents des deux prodiges. Le flirt, conscient ou non, remonte même à plus loin, lorsque les dirigeants du club allemand étaient allés rendre visite aux Bellingham chez eux, à Birmingham, avec le désir de s'attacher les services de l'actuel milieu de terrain du Real Madrid.
Ces dernières semaines, la presse allemande ne manque pas de raconter cette histoire et de dresser le constat d'une évidence : la venue de Jobe à Dortmund est indissociable de celle de son frère. Si les négociations finales entre le BvB et Sunderland, club anglais avec lequel Jobe vient de fêter la montée en Premier League, ont été intenses – Lars Ricken, Hans-Joachim Watzke et leurs recruteurs ont fait plusieurs fois le voyage pour l'Angleterre depuis 2022 –, l'issue, dans le storytelling médiatique, était inexorable. Et notamment parce que le bail de Jude dans la Ruhr a dessiné de solides arguments pour un bis repetita fraternel. Avant de devenir incontournable au Real Madrid – sacrée jurisprudence –, l'aîné des Bellingham avait en effet explosé à Dortmund, écrasant les matches du BvB de son talent polyvalent, voire omnipotent.
Titulaire et leader à Sunderland
Sans en être à ce niveau de développement personnel, Jobe suit une trajectoire elle aussi ascendante. Depuis son départ du club de ses débuts, chez lui à Birmingham, le petit frère de Jude, transféré à Sunderland il y a deux ans, s'y est installé comme titulaire, puis comme leader. À l'AFC, il a disputé cette saison la bagatelle de 43 matches sur 46 possibles en championnat, apportant un écot décisif à la montée en première division en avalant l'espace entre les deux surfaces de réparation avec appétit. L'axe du terrain est son royaume, où il impose sa présence physique, sa capacité à gagner les duels et à dicter le jeu. En un mot, il quitte Sunderland en patron, auréolé du titre de meilleur jeune joueur de la division, en ayant apposé sa griffe sur la réussite du club britannique.
Son bilan, en deux saisons, y est révélateur : 85 matches, 11 buts, 4 passes décisives. Le profil de Jobe est évident : celui de l'avant-dernier passeur. Légèrement plus grand que son aîné, il évolue aussi souvent plus bas, dans une zone où il récupère un nombre considérable de ballons. Mais les points communs, au-delà d'un visage très ressemblant, sont évidents : agressivité, intensité, volume de jeu, polyvalence, capacité à porter le danger soi-même ou par un jeu de passes varié. La maturité du jeu de Jobe est déjà telle qu'il commet peu de fautes tout en sachant résister au pressing adverse. Le benjamin de la fratrie a profité cette saison de l'expertise technique et tactique de son entraîneur français Régis Le Bris pour évoluer dans son jeu, dont la constance étonne, pour son âge, stratèges et observateurs.
Immédiatement dans le bain
Plutôt que d'opter pour l'Eintracht Francfort ou pour Leipzig, intéressés eux aussi, Jobe s'est donc laissé séduire par la possibilité de disputer immédiatement le Mondial des clubs, puis dans quelques mois la Ligue des champions dans un stade mythique, sur les traces de son frère. Mais la situation peut s'avérer gagnant-gagnant pour le club aussi : comme l'ont montré les deux premiers tiers de la saison 2024-2025, Dortmund a cruellement manqué de jeunes joueurs avec de l'appétit, très précisément le profil de la jeune recrue anglaise. En ce sens, l'investissement conséquent – on évoque une trentaine de millions de francs – se conçoit aisément. À Dortmund, on n'a évidemment pas oublié les 100 millions de francs qu'a permis d'engranger le transfert de Jude à Madrid, l'une des raisons pour lesquelles on a tout fait pour convaincre Jobe de suivre ses pas.
Qualifié de “mini-Drogba” a l'époque de sa formation à Birmingham, où il a d'abord évolué attaquant de pointe, ce dernier est suivi de très près par Dortmund depuis cinq ans, les Schwarzgelben entretenant un contact régulier, voire quotidien, avec la famille. C'est ce printemps que les recruteurs du BvB ont estimé qu'il était temps d'agir et de faire du gamin leur priorité n°1. Début mai, les cadres du club se sont rendus en masse en Angleterre, l'entraîneur Niko Kovac compris. Ce dernier, dit-on, a fait à Jobe la promesse qu'il s'installerait à Dortmund comme l'une des bases du onze de départ. Peu importe le poste... Les arguments ont porté, et Jobe a signé jusqu'en 2030. Avec effet immédiat, puisque Kovac lui a déjà donné du temps de jeu à l'occasion du premier match du Mondial, contre Fluminense (0-0).