L'impressionnant rayonnement de Konrad Laimer

À son arrivée en Bavière en provenance du RB Leipzig, il y a un peu plus de deux ans, nous lui avions demandé, depuis le traditionnel stage de pré-saison au bord du Tegernsee, comment il comptait se faire sa place au sein d'un milieu de terrain très concurrentiel, renforcé de surcroît par le recrutement parallèle du Portugais Raphaël Guerreiro. Visiblement motivé par le défi qui se présentait à lui, Konrad Laimer avait répondu d'un grand sourire, détendu mais déterminé, qu'il espérait bien que son heure arriverait. L'international autrichien avait raison mais peu, alors, auraient pu prédire que son épanouissement se déploie dans de telles proportions. D'une polyvalence extrême, le natif de Salzbourg a pris une importance considérable, au point de devenir indispensable dans l'équilibre actuel du club munichois. Le tout en n'ayant rien coûté au moment du transfert.

Visiblement, Laimer est un footballeur à maturation lente. Il était certes un joueur plus qu'honnête à son arrivée au Bayern mais d'aucuns pouvaient formuler des doutes sur sa capacité à hisser son niveau, technique en particulier, à la hauteur des standards maison. Doutes totalement balayés par ses performances actuelles. À son époque RB Leipzig (2017-2023), l'Autrichien était connu comme un sacré client au pressing, endurant, doté d'un volume de jeu supérieur à la moyenne. Typiquement dans le profil exigé en Saxe et dans la galaxie Red Bull en général, au sein de laquelle il aura passé une décennie via Liefering (2014-2016) et avant tout Salzbourg, prêt au club satellite inclus (2007-2017).

Homme à tout faire

Aujourd'hui, le blond à la fine barbe, milieu défensif classique à l'origine, est l'homme à tout faire en Bavière. La plupart du temps, statistiquement dans environ 50% des cas, son entraîneur l'aligne défenseur latéral droit. Il a assuré à ce poste dans une cinquantaine de parties sous le maillot bavarois. Mais, avec les indisponibilités simultanées des trois arrières gauches disponibles dans l'effectif – le titulaire Alphonso Davies, son remplaçant Josip Stanisic et le défenseur axial gauche Hiroki Ito, qui peut évoluer latéral également –, l'Autrichien s'est retrouvé ces derniers temps dans le couloir opposé. Ce, sans que la qualité de l'équipe n'en souffre le moins du monde, ce qui rappelle, certes dans un tout autre style, la capacité de son illustre prédécesseur Philipp Lahm à livrer des deux côtés des performances de niveau mondial.

Comment s'y prend-il ? D'abord en faisant appel à sa niaque défensive. Laimer devance ses adversaires, les mâche, les fait déjouer, les éteint, où que ce soit sur le terrain. Avec parfois, ici ou là, un carton jaune récolté, mais jamais dans l'outrance. Énergiquement, méthodiquement, systématiquement. Puis en se projetant goulûment dans l'espace, ne rechignant jamais à porter le danger, y compris s'il faut traverser le terrain entier pour proposer une solution à ses attaquants, délivrer un centre en bout de course, proposer une frappe si ça se présente. C'est bien simple : l'Autrichien est, à l'heure actuelle, le meilleur arrière latéral de Bundesliga... voire au-delà. Contre Chelsea, en Ligue des champions (3-1), il a recueilli l'une des toutes meilleures notes dans la presse. Cette semaine, contre Bruges (4-0), il a pris toute la lumière avec trois passes décisives. Un festival.

Statistiques flatteuses

Laimer est ainsi en avance sur ses statistiques de ses deux premières saisons bavaroises, au cours desquelles, par exemple, il n'avait distribué que trois passes décisives à chaque fois. Tous clubs confondus, l'Autrichien fait partie des défenseurs à toucher le plus de ballons dans la surface de réparation adverse, de ceux qui délivrent le plus de passes avant un tir, de ceux qui sprintent le plus. À 28 ans, il apparaît meilleur que jamais. À ce rythme-là, il est inconcevable de le retirer du onze de départ tant en équipe nationale – où il compte une bonne cinquantaine de sélections – qu'en club. « Cela fait bien longtemps que Konny est très constant, très stable, très flexible », loue Vincent Kompany.

Dans la philosophie de jeu du Belge, qui attend de ses joueurs énormément de dynamisme vers l'avant, Laimer passe à la perfection. « Et je crois qu'il est devenu bien meilleur défensivement », ajoute le coach, qui compte évidemment aussi, avec sa culture défensive personnelle, sur des efforts conséquents pour éteindre les incendies potentiels à la perte du ballon. Mais au cœur du festival offensif du Bayern, la relation de Laimer avec les artistes qui évoluent devant lui sur les ailes est un élément nouveau de la performance : Luis Diaz, comme Michael Olise, bénéficient évidemment de l'activité de l'Autrichien pour laisser s'exprimer leur créativité – il se propose généreusement pour combiner – sans craindre une voie d'eau dans leur dos. Et quand “Konny” sort prématurément, comme à Augsbourg le 30 août (3-2), l'équipe se met à tanguer. Laimer, ou une autre forme de capitaine.