Ole Werner, l'architecte du renouveau

David Raum titulaire, Ridle Baku buteur, Assan Ouedraogo buteur lui aussi et pour sa première sélection qui plus est : la Red Bull Arena de Leipzig avait de quoi faire la fête, lundi soir, à l'occasion de la démonstration de la Nationalmannschaft face à la Slovaquie (6-0). L'Allemagne a non seulement composté officiellement son billet pour la Coupe du monde 2026 (11 juin-19 juillet prochains), elle a aussi fait la part belle, sur leur terrain de jeu habituel en club, à ses éléments issus du RB Leipzig. Leur mise en valeur est la suite logique de leur bon début de saison et la validation de leur statut de dauphin du Bayern Munich. Cette réussite, ils la doivent largement aux choix gagnants de leur entraîneur Ole Werner, arrivé en Saxe l'été dernier en provenance du Werder Brême.

Entre la déroute inaugurale à Munich (0-6) en ouverture de la Bundesliga 2025-2026 et la défaite à Sinsheim face à Hoffenheim à la dernière journée en date, le 8 novembre (1-3), les Roten Bullen ont aligné 7 victoires et un nul. « Nous avons pris le 0-6 à Munich en pleine figure », a témoigné le capitaine David Raum dans les colonnes de l'hebdomadaire Sport Bild. « Que nous en soyons revenus, que nous figurions en haut du classement, c'est énorme. Et mérité », juge le défenseur international. Son coach, dont la troupe n'est qualifiée cette saison pour aucune campagne européenne, profite des semaines d'entraînement entre les matches pour approfondir le travail. Demande à ses joueurs un gros investissement durant les séances, étudie les adversaires en profondeur, « et nous mettons tout cela en application sur le terrain », confirme David Raum.

L'importance de la hiérarchie

Le nouveau capitaine incarne un échelon d'une hiérarchie qui prend forme au sein du groupe et à laquelle Ole Werner tient particulièrement. Une sorte de directoire des joueurs s'est formé autour de l'axe du terrain, qui va du portier hongrois Peter Gulacsi à l'attaquant autrichien Christoph Baumgartner en passant par son compatriote Xaver Schlager et les défenseurs Willi Orban et Castello Lukeba. Cette demi-douzaine d'hommes forts tiennent le vestiaire et livrent de solides prestations sur le terrain. Pour certains, tel Schlager, ça ressemble même à une renaissance. Cette cohésion profite aussi du départ d'éléments plus égoïstes, tels le Néerlandais Xavi Simons ou le Belge Loïs Openda, qui tiraient la couverture à eux. Bizarrement, les deux talents offensifs du Benelux étaient encore sur la pelouse contre le Bayern...

À leur place évoluent désormais d'autres jeunes talents qui, visiblement, ont permis à Ole Werner de remettre en route les fondamentaux du jeu maison, fait d'énergie, d'envie de performer et de potentiel de développement. Les attaquants Johan Bakayoko (22 ans) et Yan Diomandé (18 ans) et le milieu de terrain tout frais international Assan Ouedraogo (19 ans) correspondent à merveille au profil RB Leipzig, empreint de dynamisme. « On se fait plaisir », confirme David Raum, « et ça donne envie pour toute la saison. L'appétit est là et tout le reste va en découler naturellement ». Avec son caractère typique de la Hanse, Ole Werner accompagne cet enthousiasme d'un discours clair et posé. L'ancien entraîneur de Kiel n'hésite pas à prendre tel ou tel entre quatre yeux, faisant comprendre à ses joueurs que la porte de son bureau est toujours ouverte et les invitant à la franchir.

Pragmatique du nord

Werner est le pragmatique du nord par excellence. Indique à ses joueurs ce qui va et ce qui ne va pas. Son credo, qui se fond naturellement dans l'environnement Red Bull : un engagement total en attaque comme en défense. Son staff organise régulièrement des séances vidéo personnalisées, individuelles ou en petits groupes, pour que les joueurs intègrent ces préceptes. « Les progrès sont visibles », se réjouit le coach. « L'équipe montre qu'elle a envie de suivre le chemin. Chaque semaine, on avance, parce que les joueurs assimilent bien ce qu'on leur demande. » À tel point qu'un calibre comme le Borussia Dortmund, notamment, s'est cassé les dents, il y a quelques semaines au Signal Iduna Park, contre cette troupe énergique et décidée (1-1).

Leipzig est-il dès lors devenu le principal concurrent du Bayern sur la scène nationale cette saison ? « Nous avons beaucoup de jeunes joueurs qui doivent encore s'acclimater à la Bundesliga », tempère David Raum. « Nous verrons où nous nous situerons à la fin de la phase aller. Mais nous avons beaucoup de temps pour nous entraîner, et quelque chose peut prendre forme. » Ole Werner sera toujours là, si besoin, pour mettre un coup d'extincteur à toute euphorie excessive. Avec les tauliers dont il dispose encore dans son effectif, peu probable qu'il doive en arriver là. La soirée de gala de l'équipe nationale, lundi dernier, faisant évidemment exception.